L'ultimatum fixé par Horst Köhler aux protagonistes du conflit pour confirmer leur participation aux discussions préliminaires, annoncées pour les 5 et 6 décembre prochains à Genève, expirera le 20 octobre courant. Le Maroc a été le premier à répondre favorablement à l'invitation de l'émissaire onusien (2 octobre), suivi du front polisario (3 octobre). Alger, parrain du front séparatiste, qu'elle abrite sur son sol, soutient financièrement et militairement, n'a toujours pas répondu à l'offre de dialogue faite par l'Envoyé personnel du SG de l'ONU. Nouakchott, invitée à titre d'observateur, n'a pas non plus répondu "présent" à ces discussions censées remettre à plat les divergences en perspective de la relance du processus de Manhasset, bloqué depuis 2012.
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A cinq jours de l'expiration de l'ultimatum de Horst Köhler, aucun indice positif n'est donc envoyé par le voisin de l'est. Le silence observé jusqu'à ce jour par le pourtant très volubile MAE algérien, Abdelkader Messahel, remet sur le tapis la posture contreproductive, voire paradoxale, du régime d'en face, appelant d'un côté à la reprise du dialogue et s'employant, dans les coulisses, à saboter toute initiative destinée à sortir le dialogue de l'impasse pour signer "la paix des braves".
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A moins d'un revirement de dernière minute, rien ne garantit la participation d'Alger aux pourparlers de Genève, destination médicale privilégiée du président Abdelaziz Bouteflika. Un manquement à ce rendez-vous, dont la tenue est encouragée par le Conseil de sécurité, instance décisive de l'ONU, reviendra à mettre en évidence le rôle central mais destructeur du régime algérien dans la genèse, le maintien voire la perpétuation du conflit plus que quarantenaire autour du Sahara.
Face à cette posture stérile, hypothéquant l'avenir de toute la région, le Conseil de sécurité est appelé à faire preuve de davantage de fermeté pour amener Alger à prendre ses responsabilités et à contribuer réellement au règlement de ce différend, dont elle ne peut continuer de tirer les ficelles sans exposer la région au risque de déstabilisation. Un risque dont les Etats-Unis, parangon de l'écourtement du mandat de la Minurso à six mois, au lieu d'une année, doivent prendre la pleine mesure.
Les Etats-Unis, autant que les autres membres influents du Conseil de sécurité, doivent prendre conscience de la dimension régionale du conflit. Le Polisario n'est en fait qu'un instrument aux mains d'Alger pour tenter de nuire aux intérêts du Maroc, à leur tête l'intégrité territoriale du Royaume. Le coeur du problème, c'est donc Alger, et seulement Alger. Une éventuelle dérobade algérienne face aux pourparlers de Genève ne manquera pas de le prouver.