Depuis un certain temps, la réunion du Conseil de sécurité du mois d’avril consacrée à la question du Sahara n’est plus déterminante. Cependant, cette année, elle est très attendue, et ce pour différentes raisons.
D’abord, c’est le premier briefing que présentera l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, depuis sa nomination au poste en octobre de l’année dernière. Ce dernier exposera les conclusions de sa première tournée dans la région. Cette réunion du 20 avril sera également le moment pour l’envoyé spécial d’Antonio Guterres, le Russe Alexander lvanko, de présenter son premier rapport en tant que nouveau chef de la Minurso, relève l’hebdomadaire la Vie éco dans son édition du vendredi 15 avril.
Ce n’est pas la seule nouveauté. Le changement de la position espagnole, depuis mars dernier, sur la question du Sahara, ne manquera pas d’influencer les débats lors de cette réunion, souligne l’hebdomadaire. De l’avis de plusieurs analystes, c’est un revirement politique sans précédent, qui suscite d’ailleurs des réactions en chaîne, aussi bien en Europe qu’en Afrique et ailleurs. Un peu plus tôt, en décembre dernier, l’Allemagne avait exprimé son franc soutien au plan d’autonomie. Le changement de position dans les deux pays aura sans doute un effet sur celle de la France. La position du pays membre permanent du Conseil de sécurité et allié historique du Maroc est désormais quelque peu décalée par rapport à celle de ses deux voisins.
S’agissant justement du Conseil de sécurité, poursuit la Vie éco, sa configuration actuelle est des plus favorables au Maroc. Le Royaume-Uni, qui en assure la présidence tournante, ne cesse de renforcer ses liens avec Rabat depuis le Brexit. Ce pays ne peut ignorer plus longtemps la nouvelle position de Washington sur la question. La neutralité positive de la Chine étant une donne jusque-là immuable. Quant à la Russie, après les derniers événements, elle ne restera sans doute pas indifférente à la position du Maroc lors des deux dernières sessions de l’Assemblée générale de l’ONU.
Pour ce qui est des membres non permanents, les Émirats arabes unis et le Gabon, ils sont des alliés majeurs du Maroc, aux positions tranchées sur la question de son intégrité territoriale. Quant au Ghana, il soutient le processus onusien comme seul cadre pertinent. Pour ce qui est de l’Albanie et du Brésil, les deux pays ont également réitéré leur appui au processus de l’ONU.
En outre, cette réunion du Conseil de sécurité intervient peu après l’ouverture d’une représentation diplomatique de l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO) à Dakhla. Cette inauguration est la première du genre d’une représentation diplomatique d’une Organisation régionale au Sahara marocain. Celle-ci est représentée par six pays membres de l’ONU.Ils viennent s’ajouter aux 24 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique qui ont déjà ouvert leurs consulats dans les villes de Laâyoune et Dakhla.
Autre fait marquant ayant précédé cette réunion, les visites successives dans notre pays de hauts responsables de la diplomatie américaine. A leur tête Antony Blinken, arrivé dans notre pays après avoir participé au sommet de Néguev. Par ailleurs, les États-Unis s’apprêtent à nommer un ambassadeur de grand calibre à Rabat.
C’est définitivement une succession de victoires de la diplomatie marocaine qui rendent cette conjoncture particulière et inédite. Une conjoncture dans laquelle l’Algérie et ses protégés du Polisario se retrouvent plus isolés et acculés que jamais. Cela d’autant que, pour plusieurs observateurs, cette réunion du Conseil de sécurité sera consacrée sans doute à la relance du processus de négociations. Une mission difficile pour l’envoyé personnel puisque l’Algérie continue à s’opposer catégoriquement à la formule de la table ronde décidée par le CS dans sa dernière résolution.