Ces questions, qui étaient au cœur des démarches menées sur Très Hautes Instructions royales dans différentes capitales, concernent les conditions du respect de cessez-le-feu, la finalité du processus politique, le rôle de l’Algérie dans ce processus et l’inutilité des polémiques stériles sur des questions périphériques comme les droits de l’Homme ou les ressources naturelles, a expliqué M. Bourita dans un entretien accordé à l’hebdomadaire international Jeune Afrique à paraître dimanche.
Ainsi, au sujet des accords de cessez-le-feu, le Conseil de sécurité a exigé le retrait immédiat du Polisario de la zone de Guerguarate, estimant sa présence illégale et illégitime, a rappelé le ministre, notant que c’est une clarification importante, car elle rétablit la suprématie de l’accord de cessez-le-feu de 1991 sur les accords militaires conclus plusieurs années plus tard, mais que la Minurso avait tendance à sacraliser et à prendre comme unique référence.
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Pourtant, ce n’est qu’un instrument technique pour réglementer l’activité militaire sur une zone qui ne devait pas changer de configuration, au risque de remettre en cause l’accord de cessez-le-feu, a-t-il dit, relevant que les «manifestations» à l’est du dispositif de défense marocain, les « rassemblements » organisés à Bir Lahlou ou à Tifariti, ou encore les «constructions administratives» que le Polisario est tenté d’entreprendre dans cette zone, sont désormais considérés par le Conseil de sécurité comme des «actions déstabilisatrices», qui doivent cesser.
Le Polisario étant, par définition, une milice armée -rappelons-le: entité non reconnue par l’ONU-, toutes ses activités, quel qu’en soit le caractère, ne peuvent être considérées que comme militaires, a-t-il indiqué.
Il a en outre rappelé que le Conseil de sécurité a, également, défini la finalité du processus politique, faisant observer que c’est un paragraphe nouveau qui vient juste après celui de l’extension du mandat de la Minurso et qui souligne la nécessité d’une "solution réaliste, réalisable et durable, basée sur le compromis".
C’est un développement très important, qui écarte les schémas réducteurs et simplistes que certains ont érigés en dogme, s’est-il réjoui, rappelant que pour l’anecdote, c’est ce même terme de "réaliste" qui a coûté son poste à Peter Van Walsum (l’ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara de 2006 à 2008) et lui a valu une inimitié éternelle de la part des parties adverses.
Concernant le rôle de l’Algérie, un autre paragraphe a été ajouté pour appeler ce pays voisin « à contribuer davantage au processus politique » et à «renforcer son engagement dans le processus de négociation», a relevé M. Bourita, faisant par ailleurs remarquer que le Conseil de sécurité n’est pas tombé dans le piège de mentionner la question des ressources naturelles, estimant que cela n’est pas pertinent, alors que les parties adverses espéraient que le jugement contesté et contestable de la Cour de justice de l’Union européenne allait changer la donne.
"Notre dossier est solide, nos arguments sont forts et notre cause juste est de plus en plus entendue par la communauté internationale", a-t-il insisté, soutenant que l’Algérie et le Polisario sont acculés devant la légalité internationale et la dernière résolution du Conseil de sécurité.
"Tels que nous les connaissons, ils vont certainement créer d’autres problèmes dans la région et au-delà", a estimé M. Bourita, rappelant qu’Alger, comme à son habitude, s’emploie à induire en erreur l’opinion publique algérienne et internationale, en martelant dans les médias que la résolution lui est favorable, alors qu’elle est on ne peut plus claire.
Interrogé sur la question que l’Algérie s’installe à la table des Négociations, le ministre a souligné que l’objectif du Maroc est que le processus implique les véritables acteurs.
"Une dynamique réelle ne peut pas être désincarnée, comme une bulle déconnectée de la réalité. Les chancelleries ne connaissent pas le Polisario; c’est l’ambassadeur de l’Algérie qui vient les démarcher à la veille d’un vote sur la question du Sahara marocain au Conseil de sécurité", a-t-il fait valoir, relevant qu’aucun être sensé ne peut croire que la question peut être réglée sans l’Algérie.
"En 2007, on nous avait assuré que l’Algérie pouvait aider de l’extérieur. Après 13 rounds de négociation à Manhasset, nous avons vu que le Polisario pouvait à peine décider du menu de ses repas. Dans les négociations, en revanche, il était incapable de se résoudre à quoi que ce soit tout seul", a-t-il poursuivi.