Les salafistes invétérés, qui ne ratent jamais une occasion d'imposer leur idéologie, profitent de cette situation de crise. L’un de leur porte-parole, Hassan Kettani, qui nage d’ailleurs toujours à contre-courant même quand il évoque le covid-19, ne cesse de publier, sur les réseaux sociaux, des messages railleurs ou incitant à la haine. Tout en dénonçant, sur son compte Facebook, l’interdiction qui a été faite de prier dans les mosquées, il a mis en avant le maintien des rites religieux en Israël: «Afin que l’accomplissement des prières talmudiques ne soient pas interrompues, le gouvernement israélien a décidé d’autoriser la prière trois fois par jours devant le Mur des lamentations, à condition que le nombre de croyants ne dépasse pas les 10 personnes».
Dans son édition du jeudi 2 avril, le quotidien Assabah rapporte que Kettani a multiplié les messages visant, manifestement, à désarçonner les citoyens musulmans soumis à l’état d’urgence sanitaire. C’est ainsi qu’il les a appelés à éviter les chaînes de télévision, notamment 2 M qui, dit-il, «aurait besoin d’une mise en quarantaine pour le mal qu’elle fait aux Marocains». Il a, de même, conseillé à ses disciples de ne pas lire la presse nationale qu’il a fustigée, affirmant que cette «presse de la honte n’a d’autre objectif que de se moquer des religieux, de leurs savants et de leur jeunesse».
Hassan Kettani n’a pas hésité à verser dans la vulgarité pour traiter de salauds tous ceux qui, dit-il, font des commentaires ridicules et répugnants sur l’épreuve difficile que traversent les Marocains. Et d’affirmer que «les gens vertueux constituent une soupape de sécurité pour notre société. Il faut qu’on les respecte, qu’on leur voue la plus grande considération et qu’on suive leurs orientations, ou un déluge de calamités s’abattra sur nous».
Kettani a été jusqu’à reprocher aux Marocains de se divertir pendant l’état d’urgence sanitaire: ils cumulent, précise-t-il, des dizaines de films, de jeux et zéro savoir. Il a, par ailleurs, critiqué avec ironie les décisions du gouvernement: «Est-il possible de ne plus accomplir la prière des morts? C’est inacceptable, car cette prière est un devoir».