Alors que l’opinion publique est encore préoccupée par l’affaire du lotissement des «serviteurs de l’Etat», le Chef de gouvernement appose sa signature sur un décret qui décuple les indemnités des responsables locaux. Les présidents de Régions, des Conseils communaux et des Conseils provinciaux et préfectoraux verront ainsi leur «salaire» augmenter jusqu'à être, dans certains cas, multiplié par dix, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 28 juillet. Ce sera le cas, notamment, des salaires des présidents de certaines Communes rurales dont les émoluments passeront de 1.500 DH par mois à 15.000 DH net.
Les présidents des Régions, quant à eux, verront leurs indemnités portées à 55.000 DH contre 7.000 DH par mois actuellement, sans compter les frais de déplacement à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Ce qui représente une augmentation de près de 800%. Il s’agit d’un salaire principal de 40.000 DH augmenté d’une indemnité de logement de 15.000 DH, selon le décret préparé par le ministère de l’Intérieur et paraphé par le Chef de gouvernement. Pratiquement, donc, le salaire d'un ministre!
Les vice-présidents des Régions sont également concernés par cette augmentation. Ils toucheront une indemnité de 15.000 DH par mois, alors que les appointements des secrétaires des Conseils régionaux sont dorénavant fixés à 4.000 DH.Quant aux présidents de Communes, ils verront leurs indemnités varier entre 2.800 DH et 15.000 DH selon la taille et la démographie de chaque commune. Les présidents des Conseils des grandes villes, concernés par le régime de l’unité de la ville, devraient également voir leurs indemnités passer de 6.000 DH actuellement à 30.000 DH.
Au total, douzeprésidents de Régions et leurs vice-présidents, ainsi que 1.503 présidents de Communes et 75 présidents de Conseils provinciaux et préfectoraux, verront leurs indemnités grandement revalorisés. Ils ne tarderont d'ailleurs pas à recevoir des versement rétroactifs correspondant aux dix mois qu’ils ont déjà passés aux commandes de ces collectivités territoriales.
Selon le journal, le gouvernement a suivi le modèle français qui a fait récemment polémique et détermine, après leur revalorisation, les indemnités des présidents de Régions en fonction de l’importance et du poids démographique de chaque Région.
Pour rappel, la question des salaires des présidents de Régions, des maires des villes et des présidents des Conseils communaux, provinciaux et préfectoraux a été soulevée pour la première fois en Conseil de gouvernement en septembre de l’année dernière.La révision à la hausse des indemnités des élus locaux a été justifiée par le fait que l’Etat doit accorder une importance particulière aux Régions et aux représentants du peuple. Il est ainsi aberrant que des élus, argue-t-on, dont les attributions ont été considérablement élargies, qui gèrent des budgets de milliards de dirhams et assument des missions de coordination entre les provinces, les préfectures et les services extérieurs de l’Etat continuent de ne percevoir, dans le meilleurs des cas, que 700 DH mensuels. Les nouveaux présidents de Régions auront en effet à gérer, rappelle le journal, des ressources composées de 5% des revenus de l’impôts sur les sociétés, 5% des recettes de l’IR, 4% des recettes de la TVA et au moins 50% des revenus de la taxe sur les contrats d’assurance.
Depuis, la question a été mise en veilleuse, sans doute pour des considérations électorales, pour refaire surface aujourd’hui, à quelques mois du départ du gouvernement. L’adoption du décret, qui devrait intervenir au prochain Conseil du gouvernement, à deux mois de la fin du mandat du l’Exécutif, a été également motivée par des considérations politiques, notamment par la crainte d’assister à une grande transhumance des responsables locaux vers le Parlement. Les présidents de Régions seraient, en effet, affirme le quotidien, tentés de renoncer à leur poste pour briguer un mandat parlementaire, financièrement plus avantageux.