L’annonce a fait l’effet d’une bombe au Parlement, quand Saïd Baaziz, membre du groupe de l'USFP, a dénoncé l’accaparement par un bureau d’études de tous les marchés relatifs aux plans régionaux pour la gestion des carrières. Le ministre de l’Equipement, Abdelkader Amara, qui était présent à la Chambre des représentants, a été pris de court par cette question, car il ignorait tout de ce dossier.
Quant au député de l’USFP, il en savait assez pour donner des détails sur ce qu’il n'a pas hésité à appeler un «scandale». Le bureau d’études, peu connu, selon les dires de ce parlementaire socialiste, s’est adjugé les marchés de toutes les régions du royaume, disposant d’une façade sur le littoral. Ce qui est encore plus intriguant, ce sont les offres de ce bureau d’études, qui sont loin de la réalité, car ils ne représentent que 50 à 60% des prévisions du ministère.
Dans sa réponse, le ministre, Abdelkader Amara, a déclaré qu’il ne savait rien de cette affaire, ni de ce marché, et qu’il allait diligenter une enquête pour en connaître les tenants et les aboutissants. Cette enquête pourrait bien faire tomber plusieurs responsables véreux dans son département, parmi lesquels figure un ancien cadre de ce même ministère. Ce dernier, qui s’est reconverti en courtier (un samsar) profite de ses connaissances des arcanes de ce département et de ses responsables pour privilégier le plus-disant en matière de corruption.
Le quotidien Assabah rapporte ainsi, dans son édition de ce jeudi 14 novembre, que le ministre de l'Equipement, Abdelkader Amara a été très embarrassé par cette question, et ce, d’autant que ses proches collaborateurs ne lui rien dit jusqu'alors sur ce scandale. Très remonté, Amara s’est donc empressé d’ouvrir une enquête sur ce sujet, en promettant de sanctionner sévèrement tous ceux qui seraient impliqués dans ce dossier.
La pilule est en effet très amère pour le ministre, surtout qu’il tient, depuis sa prise de fonction, à appliquer à la lettre la loi 27-13 relative à l’exploitation des carrières. Il compte d’ailleurs élaborer une nouvelle stratégie pour la gestion de ce secteur vital, basée sur l’élaboration de plans régionaux relatifs à la gestion des carrières, et sur la police des carrières.
Les directions provinciales du ministère de l'Equimement ont d'ailleurs dernièrement lancé des appels d'offres au sujet des cabinets de consulting qui seront chargés de faire des études sur les zones exploitables dans chaque région.
Le ministre compte beaucoup sur ces études, pour mettre à exécution sa politique d’exploitation des carrières, mais Abdelkader Amara est aussi confronté à un lobby dangereux, à l’intérieur même, mais aussi à l’extérieur du ministère qu'il dirige.
Une source proche du ministre n’exclut que les résultats de ces appels d’offres soient annulés, afin de leur adjoindre des conditions plus strictes et un mécanisme de contrôle et de suivi plus rigoureux.