Amnesty International pourrait être traduite en justice en Grande-Bretagne pour diffamation suite à son dernier rapport accusant à tort, et sans aucune preuve concrète, le Maroc de «surveillance ciblée» et d’espionnage téléphonique. En effet, la voie de la justice pourrait être explorée après le refus de l’ONG de présenter des preuves concrètes des accusations contenues dans son rapport du 22 juin, en réponse à la demande du gouvernement marocain, ou de présenter des excuses officielles.
«Le rapport publié par l’ONG Amnesty International portant sur des allégations d’espionnage, comporte plusieurs propos diffamatoires qui pourraient donner lieu à une action en réparation civile devant les juridictions du Royaume-Uni», affirme Me Mourad Al Ajouti, avocat au barreau de Casablanca et vice-président de l’association nationale Club des Avocats du Maroc. Et de souligner dans un entretien accordé à Sputnik, que la loi britannique Defamation Act de 2013 «le permettait aisément».
Le droit anglais, explique-t-il, tient également compte de «l'impression que la diffamation est susceptible de susciter chez les personnes qui en prennent connaissance». Dans ce sens, argumente Me Al Ajouti, «les accusations d’espionnage publiées par Amnesty et reprises par un consortium de journaux ont porté préjudice à l’image du Maroc», ajoute-t-il, soutenant qu’«au-delà de la compensation financière, gagner ce procès permettra à la fois de discréditer cette ONG et ses rapports et de revaloriser l’image de notre pays vis-à-vis de l’opinion internationale».
Autant dire que la plainte serait recevable devant les juridictions du Royaume-Uni, l’ONG Amnesty International étant coupable de diffamation. De plus, tout en rappelant que les services de renseignement marocains avaient alerté la population à deux reprises en 2019 contre les cyberattaques qui pourraient cibler leurs téléphones, (en faisant parvenir au site Sputnik les deux bulletins en question), Me Al Ajouti souligne la bonne foi des autorités marocaines.
D’ailleurs, les deux notes avaient demandé «aux citoyens de faire des mises à jour de l’application WhatsApp pour se protéger contre d’éventuelles attaques informatiques». Autant dire que les éventuelles «tentatives d’intrusion sont la conséquence de la négligence des usagers qui ignorent les alertes publiées par le gouvernement leur demandant d’être vigilants».
Bien plus, ajoute Me Al Ajouti, «si le rapport affirme que le logiciel Pegasus est commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group Technologies auprès de clients étatiques, il n’apporte aucune preuve formelle de l’utilisation de ce logiciel par les autorités marocaines pour espionnage téléphonique». Et d’expliquer que «les arguments avancés se résument à des noms de domaines trouvés dans l’historique du téléphone suspecté, mais ne prouvent en aucun cas un lien avec les autorités marocaines ou les services de renseignement». Ces allégations «peuvent facilement être réfutées par des experts en sécurité informatique». Ainsi, la responsabilité des autorités marocaines n'est pas engagée.
Par ailleurs, Me Mourad Al Ajouti, qui démontre, arguments juridiques à l’appui, que les accusations proférées par Amnesty International contre le Maroc sont «farfelues» et diffamatoires, évoque les raisons qui ont motivé cette attaque. Ainsi, Me Al Ajouti estime que l’ONG est partie prenante dans les guerres d’intérêts opposant Facebook, qui a été mis en cause par plusieurs rapports dans des affaires d’espionnage de ses utilisateurs, et des géants israéliens de l’informatique. C’est pourquoi, rappelle-t-il, «Amnesty International a choisi de poursuivre la société Israélienne NSO Group Technologies, mais n’a pu entamer la même action à l’encontre de Facebook».
Bien plus, l’ONG avait déclaré clairement «connaître les manœuvres d’espionnage de Google et Facebook mais qu’elle allait continuer à utiliser ces réseaux», souligne Me Al Ajouti, précisant que ceci laisse «entendre que cette ONG défend une conception des droits de l’Homme à géométrie variable et qu’elle emploie des termes plus doux quand il s’agit d’intérêts britanniques et américains».
De même, dans ses rapports, Amnesty prenait soin d’apporter l’avis des deux géants Google et Facebook et d’inclure leurs commentaires et remarques alors que, dans le cas du rapport ciblant le Maroc, fait remarquer l’avocat, «le gouvernement n’a pu défendre sa position ni produire ses conclusions pour les inclure au document final». Ce qui confirme, conclut l’avocat, la stratégie «machiavélique» d’Amnesty International consistant à entraîner «le Maroc dans ce labyrinthe d’intérêts», en l’utilisant «pour attaquer Israël et les intérêts du groupe NSO».