Le secrétaire général de l’Istiqlal, Nizar Baraka, a nié l’existence de forces invisibles qui tiendraient les commandes des partis et fabriqueraient l’architecture politique comme ce fut le cas dans le passé. Néanmoins, ajoute-t-il, certains cherchent à dominer la scène politique en menant une guerre d’usure par le biais d’une bipolarité partisane. C’est ce qui se passe, dit-il, au sein de la majorité actuelle qui excelle dans la guerre des mots sur des sujets marginaux aux dépens des intérêts des citoyens.
Baraka accuse les partis de la coalition gouvernementale, et à leur tête le PJD et le RNI, de mener une campagne électorale avant l’heure pour couvrir leur échec dans la gestion du pays. Le patron de l’Istiqlal, qui intervenait lors d’une rencontre organisée, jeudi à Rabat, par l’établissement Abou Bakr Fkih Tétouan de sciences et de littérature, a indiqué que la majorité souffre d’une sénilité idéologique et politique. Et pour cause, enchaine-t-il, la coalition se trompe en croyant que l’échange d'accusations suffit pour gagner les élections.
«Quelle illusion que d’éluder le débat sur les grands projets sociétaux en croyant servir la nation? Où est la vision du nouveau modèle de développement que le roi Mohammed VI avait chargé le gouvernement d’élaborer depuis plus d’une année? Sachant que le taux de croissance actuel ne permet pas, d’une part, de développer les structures de l’économie nationale et d’autre part de former les ressources humaines actives. D’autant que le gouvernement a été incapable d’élaborer une nouvelle vision de la formation professionnelle. Voire, il n’a même pas pu organiser le colloque national et régional de l’emploi pour établir une feuille de route pour ce dossier crucial», a déclaré Nizar Baraka.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du samedi 16 février, que le SG du PI a mis en garde le gouvernement contre le fait de ne pas prendre en compte le mémorandum de l’Istiqlal relatif au développement des régions frontalières. Car, dit-il, les conséquences d’une négligence risquent d’être lourdes.
Baraka s’insurge contre la coalition gouvernementale qui, dit-il, réagit d’une manière étonnante quand l’Istiqlal affronte le chef du gouvernement et les ministres. Ils répondent de façon illogique: «Les Marocains doivent s’estimer heureux et il faut cesser de propager le désespoir et le nihilisme.» Et Baraka de s’interroger: «C’est l’aggravation de la crise sociétale qui répand le désespoir surtout chez les jeunes faute d’une politique anticipative. Malheureusement, la politique du gouvernement a démontré son incapacité à faire baisser le taux d’un chômage de plus en plus endémique et à réduire les inégalités sociales et régionales».
Baraka a poursuivi ses attaques contre le gouvernement en le rendant responsable de la dégradation de la situation de la classe moyenne et de l’échec du dialogue. L’exécutif aurait dû, enchaine le patron du PI, investir les 20 milliards que lui a rapportés la réforme de la caisse de compensation à améliorer le pouvoir d’achat des citoyens. Le gouvernement avait la possibilité d’augmenter directement de 100 dirhams les salaires des fonctionnaires puis de négocier avec les syndicats l’augmentation réclamée de 400 dirhams. Mais Baraka n’a pas pu donner de réponse à l’échec des gouvernements successifs depuis 1998 à résoudre la crise des retraites, de la caisse de compensation et du chômage.
Le secrétaire général du PI a, par la suite, appelé à faire une évaluation de la constitution car, dit-il, elle comporte des lacunes qui nécessitent des modifications. Il a ainsi proposé le changement du mode de scrutin en affirmant que le scrutin de liste ne permet pas de constituer une coalition entre les partis avant les élections. Autant dire que le parti de l’Istiqlal prône aujourd’hui le retour à la candidature individuelle.