Après une longue absence, l’ex-patron du PJD, Abdelilah Benkirane, est apparu sur le site officiel d’actualités du parti. Le responsable de la communication, Mustapha Baba, a accepté de passer une information sur l’intervention de l’ex-chef du gouvernement devant les membres de la Chabiba du PJD d’El Hay Hassani à Casablanca.
Le site a en effet consacré un article à cet évènement dans son direct du vendredi 28 juin en tenant toutefois à zapper les passages les plus chauds de son intervention. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 2 juillet, que Saâd-Eddine El Othmani a autorisé la levée du veto médiatique sur Benkirane lors de l’encadrement des activités du parti. Mais le chef du gouvernement a toutefois conditionné ce retour par l’interdiction à Benkirane d’aller au-delà des limites imposées par le PJD, ni d’entrer en confrontation avec les institutions.
Les mêmes sources soulignent que le responsable de la communication du parti et ex-conseiller dans le cabinet d’Aziz Rebbah, a reçu de Saâd-Eddine El Othmani des instructions strictes pour contrôler tous les articles relatifs aux activités supervisées par Benkirane au nom du parti avant de les publier.
Curieusement, cette ouverture sur Benkirane coïncide avec son retour sur la page Facebook où il publiait des live. Ce qui est encore plus étonnant, c’est que ce retour sur le site officiel du parti a été inauguré avec une intervention incendiaire de l’ex-patron du PJD. Benkirane a notamment mis à l’index les militants qui s’éloignent du référentiel islamique et menacé de quitter le parti si ces comportements perdurent.
Benkirane n’a pas mâché ses mots envers certains membres du parti en évoquant des déviances, comme la prolifération du harcèlement sexuel au sein des rangs du parti. Visiblement très déçu, voire résigné, l’ex-secrétaire général du PJD s’en est pris aux «arrivistes du parti» qui usent de tous les subterfuges pour occuper des postes à responsabilité dans le gouvernement ou au Parlement.
Rappelons que Benkirane avait fait une sortie tonitruante après que les groupes parlementaires ont trouvé un consensus sur la loi-cadre sur l’enseignement. Il avait demandé aux militants de s’opposer à ce projet qui, selon lui, constitue une trahison aux principes du parti et aux valeurs de la nation.
Très remonté contre tout le monde, il a appelé les députés du PJD à s’insurger contre les institutions et a fustigé Saâd-Eddine El Othmani en évoquant le déshonneur, la trahison et la collaboration avec le colonisateur. Un dérapage incontrôlé qui lui a valu des critiques acerbes de toutes parts, y compris des siens, qui ont décidé de ne plus publier ses interventions sur le site officiel du PJD.