Une photo collective des participants au 5e sommet UA-UE, prise hier à Abidjan, à l'issue des travaux préparatifs de cette grand-messe, fait couler des flots d'encre, surtout du côté de la frontière Est du Maroc. "Pour la première fois, un ministre marocain, en l'occurrence le MAECI Nasser Bourita, accepte de poser pour une photo incluant un représentant de la "RASD"", a fanfaronné la machine de propagande algéro-séparatiste, qui crie "victoire" sur tous les toits!
Paraît-il, il va falloir répondre à cette pantalonnade. Or, que du bluff! Cela fait plus de quarante ans que le Front Polisario et son mentor algérien "crient victoire" sans parvenir à changer cette réalité mise à l'épreuve du terrain et des instances internationales, à leur tête l'Organisation des Nations unies, qui ne reconnaissent pas la "RASD". Et puis, il faut préciser que depuis le lancement du processus de Manhasset, engagé en 2007 à New York, sur la base de l'offre d'autonomie, les négociateurs marocains n'ont jamais eu complexe à s'asseoir avec des représentants du Polisario autour de la même table pour négocier une issue politique au conflit dans le cadre de la souveraineté marocaine. Il s'avère que les retrouvailles d'Abidjan sont tout sauf "une première"!
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Mais passons, car la participation du Maroc au sommet UA-UE, nonobstant la présence du Polisario, participe d'une stratégie savamment réfléchie et mûrie en amont.
Pourquoi le Maroc participe au sommet UA-UE
La décision de participer au sommet afro-européen, quoique "relabellisé" au format "UA-UE", n'est en effet pas le fruit du hasard. Loin s'en faut. Et ce n'est surtout pas ce haut diplomate, approché par l'envoyé spécial de le360 à Abidjan, qui dira le contraire. Selon ce diplomate, qui a souhaité ne pas être cité, cette participation s'inscrit dans la ligne droite de la nouvelle stratégie africaine du Maroc. Le retour du Maroc au sein de l'UA, acté par les chefs d'État africains le 1er janvier 2017, participe en effet de cette nouvelle stratégie qui rompt avec la "politique de la chaise vide" et qui a été suivie par le Maroc depuis l'admission de l'entité séparatiste fantoche au sein de l'UA, en février 1982. Une politique qui n'a réellement pas servi le Maroc, dans la mesure où l'absence du royaume a été instrumentalisée à fond par Alger et le Polisario pour nuire à l'intégrité territoriale du royaume. Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle panafricaine n'a d'ailleurs pas tardé à démontrer sa pertinence et son bien-fondé. Il a permis jusqu'ici de contrecarrer des résolutions hostiles qui passaient auparavant comme "une lettre à la poste"!
Ce retour en force dans le giron institutionnel africain intervient par ailleurs sur fond d'offensive grandeur nature lancée par le royaume sur le continent. Une offensive menée par le royaume sur tous les fronts: politique, économique, social, culturel, religieux... Une véritable projection de puissance marocaine en Afrique, qui dépasse la zone de confort classique qu'est l'Afrique de l'Ouest pour englober l'Afrique de l'Est, voire des pays de l'Afrique anglo-saxone où le royaume est présent à travers plusieurs chantiers initiés sur la base du principe gagnant-gagnant.
Un leadership qui prend forme sur le terrain africain, qui excipe d'une vision pragmatique, et qui vaut au Maroc de s'imposer aujourd'hui comme un passage obligé pour tous ceux qui veulent investir en Afrique.
Interlocuteur écouté et respecté à l'international, le Maroc ne pouvait évidemment pas bouder cette rencontre intercontinentale, entre l'Europe et l'Afrique. Il y allait ainsi de sa crédibilité en tant qu'interlocuteur des Européens auprès de l'Union africaine, où il jouit d'un leadership indéniable. La participation du roi Mohammed VI est là pour témoigner de ce prestige incontesté du royaume sur l'Afrique et la présence du souverain, pour reprendre un ministre ivoirien, "a donné un éclat particulier au sommet". Et c'est justement cet éclat qui aveugle la partie adverse au point de prendre des vessies pour des lanternes.
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