Une occasion en or est offerte à Madrid pour amener le chef du Polisario à rendre compte de ses "crimes de guerre", pour lesquels il est poursuivi par l'Audience nationale, plus haute autorité judiciaire en Espagne. L'annonce de la participation du chef du front séparatiste, Brahim Ghali, au 5e Sommet UE-UA, prévu les 29 et 30 novembre à Abidjan, donne en effet la possibilité aux autorités madrilènes, liées avec leurs homologues ivoiriennes par un accord de coopération judiciaire, de demander l'arrestation de ce criminel de guerre. C'est ce qui a encouragé l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'Homme (ASADEH), basée à Barcelone à intervenir à nouveau auprès de l'Audience nationale, pour réactiver sa plainte déposée en 2007 contre le chef séparatiste accusé de crimes de guerre du temps où il était "ministre de la Défense" (1978-1991).
Dans un communiqué, l’ASADEH, présidée par Ramdane Ould Messaoud, affirme avoir en effet informé le tribunal N5 de l’Audience nationale de la possible présence, les 29 et 30 novembre, du secrétaire général du Polisario en Côte d’Ivoire, pays lié à l’Espagne par un accord de coopération en matière de lutte contre la criminalité.
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Parmi les points stipulés dans cet accord figurent les arrestations illégales, le terrorisme et les délits contre l’intégrité et la vie des personnes. L’ONG sahraouie demande ainsi que Ghali soit mis à la disposition de la justice en cas de visite en Côte d’Ivoire pour qu’il réponde des crimes contre l’humanité pour lesquels il fait l’objet d’une enquête judiciaire en Espagne.
Brahim Ghali cité à comparaître devant le juge José de la MataMi-novembre 2016, le chef du Polisario a en effet été cité à comparaître devant le juge d'instruction de l'Audience nationale espagnole, José de la Mata. Une plainte pour génocide déposée en 2007 a été réactivée à son encontre par l'ASADEH basée à Barcelone, ville où ce tortionnaire comptait se rendre (du 17 au 19 novembre 2016). Le magistrat espagnol a alors émis un mandat d'amener à l'encontre du chef du Polisario, qui ne s'est finalement pas rendu à Barcelone pour participer à une conférence de soutien à la "cause sahraouie". Depuis, il s'abstient de se rendre en Europe où il est fiché à tous les postes-frontière.
De quoi les crimes de Brahim Ghali sont-ils le nom?Dahi Aguay, président de l'Association sahraouie des portés disparus du Polisario, a également déposé une plainte devant la même Audience nationale contre Brahim Ghali. "En 1974, Brahim Ghali, alors bras droit de El Ouali Mustapha Sayed, a procédé à mon arrestation à Tindouf, aux côtés d'Ahmed El Khar, Hassanah Lamdaghri, Abdellah Zoubeir et Bachir Dkhil. Nous avons été ligotés et torturés avant d'être conduits, les yeux bandés, vers Rabouni où j'ai vu de mes propres yeux la liquidation physique du dénommé Souri", avait témoigné à le360 Dahi Aguay, affirmant avoir alors perdu deux de ses oncles qui ont succombé à leurs blessures suite à des actes de torture.... sous la supervision directe de Brahim Ghali.
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Dahi Aguay, qui a purgé huit ans de réclusion dans la prison de sinistre réputation "Errachid" à Tindouf, affirme ne devoir son salut qu'à la Providence!, alors que bien d'autres prisonniers n'ont pu échapper à la poigne de fer de Brahim Ghali, "nommé ministre de la Défense" (de 1976 à 1991) en récompense de ses talents de tortionnaire". Un long parcours sanguinaire ponctué de plusieurs actes qualifiés de "crimes de guerre" par la justice internationale.