Jeudi 25 mars 2015, deux jours après le crash de l'A320 sur les Alpes françaises, le procureur de Marseille, l’air austère, fait une révélation pour le moins terrifiante. La conduite du copilote de l’appareil de Germanwings, 28 ans, pouvait «s’analyser comme une volonté de détruire l’avion», a-t-il lancé, sans s’imaginer, peut-être, que sa révélation allait rouvrir des plaies bien anciennes mais qui ne sont toujours pas près de se cicatriser. Le suicide présumé du copilote de l'A320, Andreas Lubitz, rappelle cruellement des précédents similaires. Depuis 25 ans, ce sont en tout et pour tout cinq suicides en vol qui ont agité le monde de l’aviation civile. Parmi ces cas, figure celui du tristement célèbre ATR-42 de la Royal Air Maroc qui s’est crashé, en ce noir 21 août 1994, sur le douar Izounine, à 35 kilomètres au nord d’Agadir, faisant 43 morts tragiques, dont un bébé, un prince saoudien et son épouse, un fils de Miloud Chaâbi, une dizaine de touristes italiens, des ressortissants français et un Américain.
RAM, le déroulé d’un suicide en vol
Aussi loin que l’on puisse remonter le temps, la triste nouvelle reste d’une brûlante actualité. Le crash de l’ATR-42, dix minutes seulement après son décollage de l’aéroport Al-Massira, à Agadir, vers 19 heures, était-il le résultat d’un acte prémédité? L’appareil ne présentait aucune anomalie. La météo était bonne. Le pilote, par qui le drame est arrivé, était expérimenté et habitué des visites médicales réglementaires annuelles au centre d’expertise réservé au personnel navigant. La Commission d’enquête est catégorique : le crash était tout, sauf un accident. La thèse de l’accident ayant été balayée, surgit alors cette question angoissante : que s’est-il passé réellement ?
Le pilote, Younès Khayati, 32 ans, a volontairement précipité l’appareil vers le sol. Et ce ne sont surtout pas les enregistrements de l’appareil qui diront le contraire. Ces enregistrements ont démontré que la copilote, Sofia Figuigui, avait essayé d’en dissuader le commandant de bord, en vain. «Au secours, au secours, le capitaine est en train de …», s’était-elle écriée, sans que ce cri de détresse ait été audible. Son camarade avait débranché le pilotage automatique, puis avait piqué au sol avant que l’appareil ne s’écrase. Aucun recours pour Sofia, si n'est «l’usage de la force» mais là encore, son coéquipier était plus fort pour ne pas «assurer» ce voyage au bout… de l’enfer! Vraisemblablement, le coéquipier, alors fiancé, souffrait de déboires amoureux et n’y aurait pas trouvé d'autre remède qu’un "aller simple … vers l’au-delà", entraînant avec lui plusieurs dizaines de victimes innocentes.
EgyptAIR, la palme de l’horreur !
Dans le chapelet des crashs-suicides, nul doute que celui du vol 900 d’EgyptAir détient la palme … de l’horreur! En ce tristement célèbre 31 octobre 1999, un appareil de cette compagnie se crashe au large des côtes du Massachussets, tuant 217 personnes. Bilan désastreux. Un choc d’une ampleur inégalée prend le monde à la gorge, mais le mystère ne tardera pas à être élucidé par les enquêteurs US. Après analyse des boîtes noires, retrouvées au large des côtes américaines, il s’est avéré que le pilote d’EgyptAIR avait délibérément provoqué le crash. Profitant de la sortie du cockpit du commandant de bord, il avait interrompu le pilotage automatique et fait piquer l’appareil vers le sol aux cris: «Je m’en remets à Dieu» …
SilkAir, l’autre immense tragédie
Autre cas de crash volontaire, celui du Boeing 737 qui, en ce tragique 19 décembre 1997, terminait sa course dans le delta de la rivière Musi, en Indonésie. Ce crash, intentionnellement provoqué, avait fait 104 victimes mortelles, plongeant ainsi le monde entier dans un profond désarroi. Le pilote, à l’origine de ce drame, avait débranché les boîtes noires, ne laissant ainsi aucun indice sur les raisons de son acte meurtrier. Ce n’est que plus tard, qu’on apprendra qu'il était criblé de dettes et qu’il avait, au moment des faits, d’importants ennuis financiers.
Avec le crash de l’A320, mardi dernier, la thèse du suicide du copilote devient de plus en plus crédible. L’enquête ouverte auprès de ses proches permettra, peut-être, d’en savoir un bout sur les raisons de cet acte suicidaire qui a causé la mort de 150 personnes, dont un jeune couple marocain décédé 48 heures après son mariage.