Cette résolution «déplore vivement tous les actes de violence visant des personnes en raison de leur religion ou de leurs convictions, et tous ceux visant leurs symboles religieux et Livres Saints… ce qui constitue une violation du droit international».
L’adoption par consensus de cette résolution historique et extrêmement importante intervient dans un contexte mondial marqué par l’exacerbation exponentielle du discours de haine dans toutes ces formes et dimensions. Ce qui témoigne du respect et de l’estime du rôle du Maroc en tant que leader régional et mondial pour la promotion des valeurs de paix, de tolérance et de dialogue interreligieux et interculturel, et traduit le rôle de premier plan dont s’acquitte le Royaume dans le concert des Nations unies conformément aux hautes orientations et à la vision éclairée et humaniste du roi Mohammed VI.
Lors de la présentation de cette résolution devant l’Assemblée générale, l’ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, a rappelé que cette nouvelle résolution est le continuum de la résolution historique de l’Assemblée générale (73/328), la première du genre sur le discours de haine, adoptée en 2019, ainsi que la résolution ultérieure (75/309) ayant proclamé, en 2021, le 18 juin de chaque année en tant que «Journée internationale de la lutte contre les discours de haine».
L’ambassadeur a relevé que l’adoption de cette résolution s’inscrit dans le cadre de la vision avant-gardiste, solidaire et humaniste du roi Mohammed VI, Commandeur des croyants, de lutter contre le danger des discours haineux véhiculés par l’extrémisme violent, l’obscurantisme, le populisme, ainsi que le racisme de tous genres.
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Il a rappelé, à ce propos, le discours royal à l’ouverture du 9ème Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations unies, qui s’est tenu à Fès en novembre 2022, dans lequel le Souverain a alerté: «Jamais notre civilisation n’a été aussi exposée, jamais le vivre-ensemble n’a été aussi menacé au quotidien; rarement l’Autre n’a été autant associé à la suspicion ou n’a été utilisé pour attiser la peur et fomenter la haine. Ainsi, les extrêmes saturent le débat et disqualifient les discours modérés; les religions sont trop souvent instrumentalisées, lorsqu’elles ne sont pas stigmatisées. Le populisme agite les sociétés, inventant des questions sans y répondre, brandissant la migration, tel un épouvantail dans les contextes d’élection et érigeant le migrant en bouc émissaire.»
M. Hilale a, en outre, noté qu’afin de faire face à ces multiples dangers, le Souverain a plaidé en faveur d’une politique solidaire du monde, ajoutant que dans son message royal à la Conférence parlementaire, tenue à Marrakech en juin 2023, le Roi a indiqué que «le tableau morose d’un monde prenant acte de ce conflit des croyances ne doit pas occulter une réalité plus radieuse: les initiatives audacieuses qui cherchent à favoriser la communication et l’interaction entre les composantes de la communauté internationale et les adeptes des différentes confessions, contribuant à cultiver ainsi, auprès des unes et des autres, un esprit de tolérance, un climat d’entente, l’idéal du vivre-ensemble».
De même, l’ambassadeur a mis en relief que cette nouvelle résolution vise, principalement, à renforcer l’engagement collectif à promouvoir une culture de paix et de non-violence pour le bien de l’humanité et des générations à venir, en indiquant que cette priorité se presse davantage étant donné que ces derniers mois ont été marqués par une montée alarmante des actes haineux et offensifs en Europe contre les croyances de plus d’un milliard de musulmans.
M. Hilale a déclaré qu’il ne s’agit nullement de la liberté d’expression, mais plutôt des manifestations haineuses ciblant une religion et une ethnicité particulière, tout en signalant un irrespect flagrant des minorités religieuses dans ces pays. Par ailleurs, le diplomate marocain a précisé que la résolution constate avec une profonde inquiétude l’augmentation du nombre de cas de discrimination, d’intolérance et de violence visant les membres de nombreuses communautés religieuses, notamment des cas motivés par l’islamophobie, l’antisémitisme, la christianophobie, ainsi que des actes de violence motivés par la discrimination à l’égard de personnes appartenant à des minorités religieuses.
Dans la présentation de la résolution marocaine, M. Hilale a décliné trois actions concrètes de l’engagement multilatéral pour lutter contre le discours de haine: l’importance d’élaborer une définition du discours de haine convenue au niveau intergouvernemental, qui puisse contribuer à lutter contre celui-ci, conformément au droit international; la convocation, en 2025, d’une conférence mondiale sur la lutte contre le discours de haine; l’appel adressé aux Etats membres et médias sociaux à appuyer des systèmes actifs pour lutter contre les discours de haine et empêcher leur propagation croissante; et la promotion de l’accès des utilisateurs à des mécanismes de signalement efficaces, d’une manière compatible avec les droits de l’homme.
Par ailleurs, l’adoption de cette résolution a été marquée par une tentative de l’Union européenne de supprimer la référence à la violation du droit international lorsque des actes de violence sont dirigés contre les symboles religieux et les livres saints, ce qui aurait affaibli la résolution.
Cependant, grâce à l’insistance et au leadership du Maroc, l’amendement européen a été rejeté par une large majorité. Finalement, l’Union européenne a rejoint le consensus sur l’ensemble de la résolution.