Abdelilah Benkirane persiste et signe dans sa volonté d’en découdre quoi qu’il coûte avec l’actuelle majorité. Il en a de nouveau fait la démonstration, ce dimanche 22 mai à Tanger, à l'occasion du Congrès régional de sa formation. Benkirane a pris la parole deux heures durant devant les militants du Parti justice et développement, dont il est le secrétaire général. Assez pour remonter loin dans le temps et revenir sur l’historique de ses liens avec le chef du gouvernement, en particulier depuis 2016. Un passé commun fait d’affrontements, notamment sur fond de querelles pour constituer une majorité du temps où Benkirane était le chef de l’Exécutif.
Visiblement toujours aigri par la cinglante défaite de son parti lors des élections législatives du 8 septembre de 2021, le secrétaire général du PJD n’en a cure. «Nous sommes toujours debout et nous le resterons. Alors cessons de nous lamenter et regardons l’avenir», a-t-il dit en s’adressant à ses troupes, insistant sur le référentiel islamiste de sa formation comme élément d’union et de cohésion entre Pjdistes. A ce titre, Benkirane a attaqué de manière virulente «les relations hors mariage et l’homosexualité».
Après avoir défendu son bilan en tant qu’ancien chef de gouvernement (la décompensation des hydrocarbures, la retraite..), Abdelilah Benkirane a estimé qu’un «gouvernement fort doit savoir gérer les moments difficiles. Vous (le gouvernement Akhannouch, Ndlr) êtes venus pour régler les problèmes».
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«Au lieu de me donner raison et d’invoquer la conjoncture actuelle défavorable à cause de la guerre entre Russie et Ukraine pour se défendre, il me reproche sans raison d’avoir allégé la caisse de compensation de 57 milliards de dirhams», a-t-il martelé à l’adresse de l’actuel chef du gouvernement.
Le moment fort, et quelque peu regrettable, de l’intervention de Benkirane aura été quand il a qualifié ses adversaires politiques de «diables» qui ne sont «ni sérieux ni crédibles». Certains journalistes qu’il n’a pas nommés n’ont pas échappé à sa diatribe et ont été traités de «mercenaires».
Pour enfoncer le clou, Abdelilah Benkirane s’en est pris une nouvelle fois à Rachid Talbi Alami, président de la chambre des Représentants, en se basant sur ce qu’il a appelé «le dictionnaire des animaux». «Je ne retire pas mon qualificatif de petit âne s’il ne retire pas son sien, me qualifiant de vieux loup», a dit le leader du PJD. Et d’agrémenter ses propos par des dictons (et même des hadiths) citant les animaux. Le moins à dire est que ça ne grandit pas son homme.