Les autorités de tutelle ont engagé des procédures concrètes visant à retirer aux associations, clubs et amicales la gestion de plus de 640 terrains de proximité à Casablanca, à la suite de la mise en évidence de nombreuses irrégularités dans ces infrastructures sportives. Conçus à l’origine pour servir les jeunes et encourager la pratique sportive de proximité, ces terrains se sont progressivement transformés, ces dernières années, en sources de rente et en espaces d’exploitation à des fins politiques et associatives, écrit le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 24 décembre
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de larges concertations de terrain menées parallèlement à la préparation d’une nouvelle génération de projets sportifs. Elle vise à mettre un terme au désordre qui a marqué la gestion des terrains de proximité, après la découverte de pratiques contraires à leur vocation initiale. Parmi les dysfonctionnements relevés, figurent l’imposition de frais aux usagers, l’abandon du principe de gratuité, ainsi que l’utilisation de certains terrains à des fins électorales ou partisanes.
Concrètement, les autorités ont adressé des demandes aux associations gestionnaires afin qu’elles élaborent des rapports détaillés sur leurs modes de gestion et de financement. Des données sont également collectées sur les ressources mobilisées, tandis que les dossiers financiers et comptables font l’objet d’un examen approfondi. Le sujet a d’ailleurs suscité un vif débat au Parlement, notamment sur le devenir des sommes perçues auprès des utilisateurs de ces terrains.
Selon plusieurs acteurs associatifs cités par Assabah, cette intervention intervient après que certains terrains sont devenus de véritables foyers de tensions politiques et associatives, allant parfois jusqu’à des affrontements physiques. Un incident survenu dans un terrain du quartier Ennasim, relevant de l’arrondissement Hay Hassani, illustre cette dérive: un élu local serait intervenu pour empêcher des membres d’un parti allié d’utiliser l’espace, provoquant l’intervention des forces de l’ordre.
Parallèlement, les autorités procèdent à l’identification et à l’analyse des dépassements enregistrés depuis la création de ces infrastructures entre 2018 et 2020, dans le cadre d’un programme ayant permis la construction d’environ 800 terrains de proximité pour un budget global estimé à 600 millions de dirhams. Ce programme a été financé par des prêts du Fonds d’équipement communal, remboursés par l’intermédiaire du ministère de la Jeunesse et des Sports.
À moyen terme, des élus et responsables de la ville de Casablanca envisagent la mobilisation de nouveaux terrains fonciers pour la réalisation d’autres infrastructures sportives, dans le cadre d’une vision s’étendant jusqu’à l’horizon 2023-2028. L’objectif affiché est d’adopter un modèle de gestion clair et transparent, rompant avec les expériences précédentes et empêchant toute exploitation des équipements à des fins partisanes ou associatives.
En retirant la gestion des terrains aux associations, le ministère entend rétablir un cadre légal rigoureux, garantir la gratuité de l’accès à ces espaces et renforcer le rôle du service public au profit de la jeunesse et du sport, loin des calculs politiques et des gains financiers illégitimes.
Pour de nombreux acteurs du tissu associatif, cette décision pourrait marquer le point de départ d’une réforme en profondeur des terrains de proximité et contribuer à restaurer la confiance entre les citoyens et les collectivités locales, afin d’assurer une utilisation réelle et équitable de ces équipements sportifs par les jeunes.







