Daech s’en prend à nos salafistes repentis. Abdelouahab Rafiki (alias Abou Hafs), Mohammed Fizazi, Hassan Kettani, Abdlkrim Chadli et Omar Haddouchi ont tous reçu des menaces de mort à un moment ou un autre, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du jeudi 30 juin. Mais aujourd’hui, ces menaces se précisent de plus en plus.
En effet, un site proche de Daech vient de publier un communiqué signé par un jihadiste marocain où les cinq chioukhs salafistes sont ouvertement accusés d’apostasie, les excommuniant de facto et faisant d’eux, par la même occasion, les premières cibles d’attentats, «quand la flamme du jihad prendra au Maroc». Le site renseigne même sur la manière de s’y prendre. Ainsi, le moment venu, ils seront égorgés ou poignardés avec des canifs empoisonnés.
Les cinq salafistes qui ont opéré de grandes révisions idéologiques alors qu’ils étaient encore en prison pour leur liens avec les attentats du 16 mai à Casablanca, entreprennent actuellement leur nouvelle vie sur des bases plus saines. Ce qui ne plaît apparemment pas à Daech et à ses ramifications. L’organisation terroriste n’hésite pas à qualifier Abou Hafs de «laïc» pour ses positions très avant-gardistes sur plusieurs sujets polémiques, Fizazi de prédicateur du «Taghout» (tyran et despote), Kettani d’"adorateur de tombeaux" en référence, sans doute, à ses penchants soufis, Chadli de «mercenaire» et Haddouchi de «sbire».
Face à cette menace, les réactions des concernés sont différentes, voire opposées. Certains les ont prises au sérieux et réclament une protection de l’Etat et des forces de sécurité. D’autres estiment que ce ne sont que des paroles en l’air de par le fait qu'ils vivent dans un pays sûr où règnent stabilité et sécurité et que, en tant que citoyens de ce pays, ils ne peuvent être atteints par les auteurs de telles menaces.
Abou Hafs, que ces menaces n’inquiètent nullement, affirme que ce n’est pas la première fois qu’il est pris pour cible des jihadistes de Daech et, qu’avec le temps, il commence à s’y habituer. Cette organisation terroriste, affirme-t-il, a pour habitude de s’attaquer à tous ceux qui dénoncent et rejettent la pensée extrémiste terroriste et en expliquent les motivations, les tenants et les aboutissants, surtout aux jeunes, pour les empêcher de succomber à cette pensée. Il fait partie de ces gens et ce n’est pas ce genre de menaces qui l’empêcheront de poursuivre sur cette voie. Prudent, il confie, quand même, qu’il se rendra au commissariat le plus proche pour déposer plainte contre X pour menaces.
Plus déterministe, Mohamed Fizazi dit s’en remettre à Dieu. Personne d’autre, dit-il, ne pourra s’opposer à la volonté divine, assure-t-il. Il affirme néanmoins que les autorité ont pris connaissance du contenu de ce communiqué et que c’est à elles d’agir pour assurer la sécurité des concernés. «C’est aux forces de l’ordre d’assurer notre protection et celle de nos familles pour que nous puissions vivre une vie normale», affirme-t-il, cité par le journal.
Encore plus déterministe, Hassan Kettani tient le même discours tout en affirmant qu’il considère comme futiles ce genre de menaces. Il ne s’en préoccupe nullement. Même réaction chez Abdelkrim Chadli qui juge également ces menaces non dignes d’intérêt, surtout venant d’une entité factice qui a intérêt à combattre les ennemis de l’islam plutôt que des frères de religion. Omar Haddouchi, pour finir, affirme que Daech et les auteurs de ces menaces sont des incultes qui ne comprennent rien au véritable islam. Il assure, par la même occasion, qu’il n’a pas l’intention de demander la protection de qui que ce soit.