Des organisations terroristes ont dernièrement menacé de décapitation des chercheurs spécialisés dans les mouvements islamistes au Maroc. Ces groupes radicaux ont, en outre, incité à l’assassinat d’intellectuels marocains qui ont dénoncé leur manipulation de la religion musulmane et relevé des contradictions entre leur conception de l’application de la charia et l’«Etat islamique» qu’ils rêvent d’édifier. Le spécialiste des mouvements islamistes, Mountasir Hamada, indique que Daech craint la capacité des intellectuels à mettre à nu leurs thèses farfelues. Il était prévisible que cette organisation finisse par cibler le chercheur Mohamed Rafiqi. Mais le plus grand danger provient de ces centres de recherche islamique apparus au Maroc durant le Printemps arabe, ajoute le même intervenant.
Ces centres, poursuit-il, sont dirigés par des radicaux et des salafistes qui traitent de «collaborateurs et de traîtres» les intellectuels qui enquêtent sur les dossiers des mouvements islamistes. Le chercheur Mohamed Abdelouaheb Rafiqi, connu sous le nom d’Abou Hafs, a porté plainte devant le parquet après avoir reçu des menaces de mort d’un individu très actif au sein de l’organisation terroriste. L'individu en question s’en est pris à Rafiqi qui avait appelé à prier pour l’activiste égyptienne Sarah Higazi, qui s’est suicidée au Canada il y a quelques jours.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 24 juin, qu’Abou Hafs avait, auparavant, reçu plusieurs menaces de mort anonymes auxquelles il n’avait pas accordé d’importance. Mais il en a été autrement de cette dernière menace qui émane d’un individu très actif sur Facebook, où il dispose de plusieurs comptes. Cet extrémiste invétéré, qui ne cache pas ses relations étroites avec Daech, a appelé, sur son compte, au meurtre de Rafiqi, qu'il traite d'apostat.
Il faut rappeler que Rafiqi dénonce, depuis longtemps, le radicalisme islamiste et a démantelé les thèses obscurantistes de ces théoriciens, comme il l’explique sur sa page Facebook: «Depuis que j’ai commencé à faire part de mes convictions et de mes positions sur plusieurs sujets d’actualité et à démanteler le discours extrémiste en me basant sur mon expérience personnelle, je n’ai pas cessé de recevoir des critiques acerbes, des injures, voire des menaces de mort auxquelles je n’ai donné que peu importance. Mais, depuis que j’ai appelé à prier pour la défunte Sarah Higazi, mon compte à été bombardé par un nombre incalculable d’insultes et de menaces. Le summum a été atteint quand un individu, qui n’est d'ailleurs pas marocain, m’a carrément menacé de lapidation».
Cet individu, qui se réclame solennellement de Daech, s’en est pris à tous les internautes qui ont exprimé leur compassion vis-à-vis de l’activiste égyptienne et menacé d’ajouter leurs noms à la liste des condamnés à mort tenue par Daech. Mais, malgré la dangerosité de ces menaces, Rafiqi tient à préciser que personne ne l’empêchera d’exprimer ses opinions et ses positions. Il continuera, conclut-il, à accomplir son devoir de dénoncer le discours extrémiste et de démanteler les thèses farfelues de ses théoriciens.
