Le passage annuel de millions de MRE à travers le Détroit de Gibraltar inquiète les pays européens, l’Espagne à leur tête, mais aussi les Etats-Unis. Et pour cause! Pour cette seule année, au moins 72 présumés jihadistes ont été repérés lors de la traversée entre le Maroc et l’Espagne. Cependant, faute de preuves tangibles, les présumés terroristes n’ont pas été interpellés, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 7 octobre.
C’est ainsi, explique le quotidien, qu’un rapport de la Commission européenne, consacré à l’opération «Minerva» déployée par l’Agence européenne de contrôle des frontières «Frontex», parle d’au moins 46 alertes entre le 12 juillet et le 16 septembre derniers. Ces alertes concernent des personnes suspectées d’avoir combattu dans les rangs de l’organisation terroriste Deach, sur le front syrien. Une autre opération sécuritaire, «Neptune II», déployée entre le 2 et le 8 juillet derniers, et à laquelle ont participé les services de sécurité marocains aux côtés de leurs homologues espagnols, français, italiens, algériens et tunisiens, a également permis de repérer 12 présumés terroristes, dont 9 s’apprêtaient à entrer sur le territoire espagnol.
D’après Akhbar Al Yaoum, un rapport de l’opération Minerva de cette année, dont une partie a été publiée par le quotidien espagnol El Pais, parle, en plus, de l’interception de 220 candidats à l’émigration clandestine, de la récupération de 12 voitures de luxe volées et de la saisie de 1,6 tonne de cannabis et d'armes de différentes natures. Pendant cette opération, menée par les services de sécurité espagnols avec l'appui de 16 spécialistes européens dans le domaine sécuritaire et la participation des observateurs américains, 480 personnes ont été interpellées. En tout, durant cette opération par laquelle Frontex a aidé les autorités espagnoles à contrôler les passagers arrivant du Maroc par ferry, pas moins de 1,7 million de passagers et 372.000 véhicules ont été contrôlés.
Notons que, dans le cadre de cette opération, Frontex déploie, depuis quelque temps, des experts en documents contrefaits et des agents formés pour repérer les véhicules volés. Cette année, une attention particulière a été également accordée au terrorisme. C’est ainsi, note le quotidien, que ces cinquante présumés terroristes ont été repérés. Citant un spécialiste de la lutte antiterroriste, le quotidien affirme que, dès qu’un de ces individus est pointé, la base de données partagée entre les services de sécurité de plusieurs pays de la région envoie une alarme. Généralement, il s’agit d’une demande d’informations supplémentaires sur ces personnes.
Après la déconfiture de Daech, ses combattant ont été disséminés un peu partout. Et l’objectif de ce genre d’alertes est justement de les traquer et de suivre leurs déplacements. Partant de là, note le quotidien, une fois repérés, les services de sécurité se contentent de noter la nature des documents d’identité et des titres de voyage qu’il ont présentés. Ils ne sont pas interpellés, car aucun mandat d’arrêt n’a été lancé à leur encontre. Ils sont simplement sur la liste des suspects.
Par ailleurs, souligne le quotidien dans un article à part, les autorités italiennes s’apprêtent à extrader vers le Maroc des milliers d’émigrés clandestins. L’opération sera réalisée en concertation avec le gouvernement marocain, précise le journal. Il s’agit de personnes résidant illégalement dans ce pays et dont les dossiers de demande d’asile politique n’ont pas été retenus car ne remplissant pas les conditions requises.