La classe politique allemande est remontée contre le gouvernement de son pays, nous apprend le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du jeudi 2 février. En effet, l’opposition parlementaire au Bundestag reproche aux autorités de Berlin de n'avoir pas pris au sérieux les deux alertes données, en septembre et octobre dernier, par le Maroc qui avait prévenu les services de sécurité d’une attaque terroriste imminente visant l'Allemagne.
La question a même fait l’objet d’une discussion pendant une séance plénière du Parlement allemand, le Bundestag, et a donné lieu à de vifs échanges entre le groupe parlementaire de gauche, des parlementaire du parti des Verts et les membres du gouvernement fédéral.Aussi, l’opposition, à travers ces deux partis, réclame-t-elle d’abord des autorités plus de transparence «pour mettre fin au mur de silence et aux campagnes de duperie que mène le gouvernement dans ce domaine», précise le journal. Ainsi, et en réponse à une question posée au Bundestag par des députés de gauche et des Verts, le gouvernement affirme qu’«aucun des deux rapports soumis aux services de sécurité allemands par leurs homologues marocains ne comprenait des éléments détaillés sur une éventuelle attaque menée par le Tunisien Anis El Amri».
Or, note le journal, le rapport adressé aux Allemands, le 14 octobre dernier, précise bien qu’Anis El Amri avait prêté allégeance à Daech et préparait un «projet». Le représentant du gouvernement, dans sa réponse à la question des députés du parti de gauche, a affirmé que les autorités avaient mal interprété le mot «projet» et avaient été loin de penser qu’il s’agissait d’un projet d’attentat terroriste.Bien plus, affirme le journal, depuis fin janvier, le gouvernement allemand ne cesse de tenir des propos contradictoires sur cette question. En effet, le gouvernement assure qu’«après une évaluation commune du contenu des deux correspondances marocaines, il a été conclu que les deux rapports ne présentaient pas d’éléments concrets pouvant aider à prévoir une attaque terroriste». En même temps, et dans une déclaration à la chaîne publique ZDF, le ministre de la Coopération économique au gouvernement fédéral, Gerd Müller, a affirmé que «si les autorités allemandes avaient mieux écouté les services de renseignement marocains, cette attaque n’aurait probablement pas eu lieu ».Le chef de groupe parlementaire de la gauche a d’ailleurs relevé cette contradiction. Il s’est demandé, de même, «pourquoi les informations transmises par les services de sécurité marocains n’avaient pas été traitées correctement alors qu’elles mettaient en garde, depuis septembre, contre le danger que présentait Anis El Amri?». Plus encore, se demande le député, «pourquoi les autorités ont-elles justement levé la surveillance dont il faisait l’objet à ce moment précis?».
Le député des Verts au Bundestag verse, lui aussi, dans le même sens en affirmant que «trois mois avant l’attaque, les services de renseignement marocains avaient bel et bien alerté les autorité allemandes. Cette alerte a été reçue au moment où les autorités ont levé la surveillance sur El Amri, considérant qu’il ne présentait pas de danger». Pourtant, ajoute-t-il, «les Marocains ont bien insisté auprès de leurs homologues allemands sur le fait qu’il présentait un réel danger, qu’il s’apprêtait à quitter le pays en direction de la Syrie et, surtout, qu’il éprouvait une véritable haine pour le peuple allemand».