Le désespoir et la frustration qui règnent dans les camps de Tindouf ont été amplifiés par les agissements insensés des dirigeants du Polisario. Ainsi, les protestations hostiles aux chefs des séparatistes ont repris de plus belle la semaine dernière, quand des membres de la tribu d’Ouled Tidrarine ont organisé un sit-in devant l’hypothétique «secrétariat général du président». Malgré les tentatives de répression des milices polisariennes, les manifestants leur ont tenu la dragée haute en scandant des slogans hostiles aux dirigeants séparatistes et en condamnant l’évasion de deux accusés condamnés à la peine de mort. Il ne s’agit pas de n’importe quels accusés puisque l’un d'entre eux est le neveu de Abdelkader Taleb Omar, le représentant du Polisario en Algérie, et que le second est le cousin du dirigeant Brahim Billa. Le premier a été condamné à la peine de mort pour avoir assassiné, en 2005, Ould Boukhari Bamba, originaire de la tribu d’Ouled Tidrarine.
Les contestataires, qui ont imputé la responsabilité de l’évasion des deux prisonniers à la direction du Polisario, ont exigé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur cette énième opération d’exfiltration. Ils ont, par ailleurs, vivement dénoncé le refus du chef du Polisario, Brahim Ghali, de recevoir les notables de cette tribu qui voulaient lui présenter une plainte à ce sujet. Du coup, les membres de cette tribu, ainsi que leurs nombreux soutiens, se disent déterminés à poursuivre ce mouvement de protestation jusqu’à ce que les prisonniers évadés et leurs complices soient arrêtés et jugés.
Dans son édition du mardi 25 février, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que, face à la tension qui sévit dans le camp de Rabouni, la gendarmerie du Front s’est empressée d’encercler les manifestants pour éviter que ce mouvement contestataire ne s’étende aux autres camps de Tindouf. Il faut rappeler que ces manifestations se poursuivent depuis le mois dernier, soit depuis que des responsables polisariens ont contribué à l’évasion d’un prisonnier accusé du viol d’une jeune fille. Selon des sources médiatiques, des dirigeants du front Polisario seraient impliqués dans l’évasion de ce prisonnier en raison de sa proximité avec un grand chef des séparatistes.
Les mêmes sources indiquent que, dès que l’information sur l’évasion a été divulguée, la famille de la victime et la population des camps ont organisé une manifestation devant le «secrétariat général du président » et ont envahi les bureaux de certains responsables. Dans une tentative de contenir la colère de la population, le Polisario a lancé, le 10 janvier, un avis de recherche contre le prisonnier en fuite. Mais les séquestrés de Tindouf n’ont pas été dupes de cette manœuvre car l’accusé qui avait violé une jeune fille, l’année dernière, est demeuré libre jusqu’au déclenchement du fameux soulèvement dans les camps. Les mêmes sources n’excluent pas que le prisonnier en fuite se soit réfugié chez un dirigeant du Polisario avec lequel il a des relations étroites.