A Tindouf, les mosquées sont détournées à des fins autres que leur vocation de lieux de culte. Les informations provenant des camps apportent la preuve irréfragable de ce dérapage extrêmement dangereux. "Des éléments de la sécurité algérienne en faction dans et autour des camps, sont intervenus, hier lundi 24 septembre au soir, dans la "Daïra de Tichla", au camp dit "Aousserd", où ils ont interpellé et conduit vers une destination inconnue, un imam officiant à ladite "Daïra", pour embrigadement de jeunes sahraouis et leur incitation à rejoindre les rangs des terroristes au Sahel", révèlent à le360 des sources concordantes.
Selon les mêmes sources, cette intervention aurait suscité le mécontentement des habitants de ladite "Daïra".
Loin d'être un cas isolé, le prosélytisme pro-jihadiste de l'imam confirme une réalité bien ancrée dans les camps de Tindouf et déjà pointée dans les rapports des services de renseignement et les études des instituts de géopolitique. Les camps sont bel et bien devenus une pépinière de jihadistes, où viennent s'approvisionner nombre de groupes terroristes s'activant dans la région sahélo-saharienne, dont le cas le plus saillant est celui d'Adnane Abou Walid al-Sahraoui, nom de guerre de Lehbib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani, ancien soldat du Front Polisario, qui a rejoint ensuite les djihadistes et est devenu le premier chef au Sahel à faire allégeance à l'"État islamique".
Lire aussi : Tindouf: neuf Sahraouis rallient l’organisation terroriste de Mokhtar Belmokhtar
Moktar Belmokhtar, né à Annaba (en Algérie), et ancien fidèle habitué des bureaux feutrés du renseignement extérieur algérien, est aussi un "client" des camps de Lahmada-Tindouf, où à la faveur de complicités savamment développées avec les dirigeants du front Polisario, il venait recruter des jihadistes, via ses réseaux tentaculaires tissés dans la poudrière sahélo-saharienne, notamment à la frontière algérienne avec le Mali.
Et ce ne sont surtout pas les faits qui diront le contraire. Fin décembre 2015, neuf Sahraouis de Tindouf, dont une femme, s'étaient échappés des camps pour rejoindre au nord du Mali le groupe "Al Mourabitoune" de Mokhtar Belmokhtar, alias "Al Aâwar" ou encore "mister Marlboro", pour ses connexions avéréess avec les trafics de toutes sortes (cigarettes de contrebande, drogues voitures volées, armes, etc.).
L'affaire du ralliement des neuf sahraouis avait défrayé la chronique et remis sur le tapis la connexion du front séparatiste avec les groupes terroristes, dont les "Ansar Dine", dirigé par le nommé Iyad Ag Ghali, natif de la région du Houggar, sud algérien, et ancien compagnon de feu Mohamed Abdelaziz, ancien chef du Polisario, auquel il venait rendre visite dans la région de Tindouf.
Est-il encore besoin de rappeler les actes terroristes perpétrés par ces groupes à la solde des services algériens, notamment au Mali? Est-ce un hasard si, pendant la même année (2015) où les neuf Sahraouis ont rallié les "Al Mourabitoune", ce dernier a perpétré une sanglante prise d’otages à l’hôtel Radisson à Bamako, capitale du Mali, après celle opérée en 2013 sur le site gazier d’In Amenas, située au sud de l’Algérie?
Mais passons, car Tindouf y est pour beaucoup. Elle est devenue la base arrière de terroristes de tous poils inféodés aux services algériens, dont la responsabilité dans ce qui se passe dans la région sahélo-saharienne n'est plus à démontrer. Au-delà du Mali, le Niger, les armes de l'ancien satrape de Tripoli, feu Mouammar Kadhafi, franchissaient aisément la frontière libyenne avec l'Algérie pour finir dans les camps de Lahmada-Tindouf, avant d'être revendus aux groupes jihadistes, stationnés notamment dans le nord du Mali, précisément dans la ville de Gao.
L'interpellation de l'imam sahraoui, hier lundi, ne saurait donc dédouaner les services algériens, responsables du processus de "kaboulisation" d'une région devenue, au fil des jeux de massacres, un véritable baril de poudre.