Des vacances en Espagne? Non merci. C’est semble-t-il le mot d’ordre que se sont donné les Marocains cette année. D’après le quotidien Assabah, qui a consacré un dossier aux répercussions de la crise maroco-espagnole sur l’économie du voisin du Nord dans son édition du jeudi 1er juillet, beaucoup de nos concitoyens qui avaient l’habitude de passer leurs vacances en Espagne ont renoncé à ce projet cette année. Aucune décision officielle n’a été prise en ce sens, mais, assure le quotidien, vu le contexte, les parlementaires, ministres et autres hauts fonctionnaires ainsi que les personnalités publiques ont été invités à reconsidérer l’idée de passer leur congé chez nos voisins du Nord.
Pour ceux des Marocains assez aisés pour envisager des vacances sur la Costa Del Sol ou aux Baléares, ils auraient compris l’intérêt de sauver le tourisme national plutôt que celui d’un pays étranger, après une pandémie dévastatrice. Nous parlons quand même, estime le quotidien, de plusieurs centaines de milliers de nos concitoyens qui ont l’habitude de passer leurs vacances d’été dans ce pays. Ils étaient, en effet, 900.000 touristes marocains à se rendre en Espagne en 2019, précise Assabah. Le manque à gagner pour le tourisme de ce pays est donc conséquent.
A titre de comparaison, le nombre de touristes espagnols qui ont visité le Maroc pendant la même période était de 815.000. Entre 2018 et 2019, le nombre de Marocains qui se sont rendus en Espagne pour le tourisme a augmenté de 26%. Plus encore, une écrasante majorité de touristes qui se rendent chez le voisin du Nord y vont en voiture, en raison notamment de la proximité géographique, ce qui suppose une dépense moyenne quotidienne très élevée. En faisant un simple calcul et en supposant que chaque touriste marocain dépense en moyenne 50 euros par jour en Espagne et en supposant que la durée moyenne de séjour est de 6 jours, les Marocains dépenseraient plus de 3 milliards de dirhams chaque année dans ce pays. Et si on prend en compte l’argent dépensé pour le shopping, ce montant atteint facilement une moyenne de 4 milliards de dirhams par an.
Dans le secteur de l’immobilier, c’est le même constat. Les incitations du gouvernement espagnol pour sortir ce secteur de la crise ont pu convaincre les Marocains d’acheter des biens immobiliers dans ce pays. En 2020, et malgré la crise sanitaire, ce sont pas moins de 2.248 appartements qui ont été acquis par des Marocains non résidents. On parle même de 3.000 appartements. Avec la crise qui a éclaté entre les deux pays, non seulement la cadence des acquisitions des biens immobiliers va chuter, mais les appartements déjà acquis vont rester inoccupés pendant toute la saison estivale. Et c’est un autre coup dur pour le tourisme local.
Malheureusement, relève le quotidien, il en est pour qui les intérêts personnels passent au dessus de ceux leur patrie. Certaines personnes fortunées qui ont investi des sommes importantes, notamment dans le cadre d’opérations de blanchiment d’argent, continuent à faire des va-et-vient entre les deux pays. Leurs affaires ne se sont pas arrêtées pour autant.
Bien sûr, et cela plusieurs journaux espagnols en ont parlé, l’opération Marhaba de cette année, qui pour la première fois n’englobe pas les ports espagnols, a engendré un manque à gagner énorme pour les villes concernées. On parle de plusieurs centaines de millions d’euros rien que pour les ports d’Algésiras et d’Almeria. Et naturellement, là encore, ce sont les établissements touristiques qui trinquent.