On en sait plus sur «G3 Governance Group limited», société avec laquelle Omar Radi, activiste et journaliste poursuivi au Maroc pour intelligence avec des parties étrangères, a collaboré en lui vendant clandestinement des informations. Ce qui est sûr, c’est que l’entreprise est tout sauf blanche comme neige et qu'elle a fait parler d’elle dans plusieurs dossiers liés à l’espionnage.
Selon le site d’investigation Powerbase.info, le groupe britannique «Good Governance Group» a été fondé en 2004, sous la direction de Chester Crocker (ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines), André Pienaar (ex-directeur pour l’Afrique au sein de la société d’investigation américaine “Kroll“), Moira Andrews (ex-membre du bureau britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth) et Tim Clark (membre du Think tank “Chatham House“, basé à Londres. «Good Governance Group» comprend en son sein trois entités distinctes: la société spécialisée dans l’intelligence économique “G3 Good Governance Group Limited“, la société d’investissement “C5 Capital“ (spécialisée exclusivement dans l’écosystème des données sécurisées, dont la cyber sécurité) et la firme d’investigation “Proven“.
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S’agissant de “G3 Good Governance Group Limited“, de nombreux articles, publiés par des journaux britanniques, à l’instar de efinantialcareers, The Daily Mail et The Telegraph, ont fait part de l’implication de cette société dans des scandales, tout en décrivant ses activités comme relevant du renseignement et de l’espionnage.
Des méthodes controverséesAinsi, le site web spécialisé en finance efinancialcareers a publié, le 19 septembre 2017, un article intitulé: «Un responsable au sein du groupe HSBC se tourne vers le renseignement en intégrant la société G3». Son auteur, Paul Clarke (journaliste financier) s’est focalisé sur le parcours de Michael Bevan (actuel président de “G3 Good Gouvernance Limited“) ayant décidé, après 16 ans de carrière au sein de la banque d’investissement britannique HSBC, de rejoindre «une société spécialisée dans la réalisation d’enquêtes discrètes qui compte en son sein d’anciens cadres des services de renseignement, à l’image d’August Hanning (ancien patron des services de renseignements allemands) et Paddy Ashdown (ex-officier des renseignements britanniques)».
L’auteur souligne que «Michael Bevan, en rejoignant G3 Governance Group Limited, intègre, dorénavant, le monde de l’espionnage». Cette société, qui recrute des vétérans du renseignement, est ainsi présentée comme une officine spécialisée dans l’espionnage. L’auteur de l’article ajoute que Michael Bevan a intégré G3 après avoir accumulé une importante expérience dans le monde des marchés émergents, notamment en Irak, en Palestine et en Algérie. Il a au demeurant eu pour client des fonds souverains tels que “CIC“ (Chine), “GIC“ et “Tamaesk“ (Singapour), au même titre que des fonds d’investissements américains prestigieux, à l’image de “Balckstone“ et “KKR“.
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L’auteur de l’article cite aussi des clients qui ont recouru aux services de G3. L’un, d’eux, particulièrement satisfait, salue «la discrétion de G3 Governance Group Limited, indiquant que celle-ci met l’accent sur le renseignement humain lors de ses investigations, au lieu de se fier uniquement à de la data».
Pour leur part, les quotidiens britanniques The Daily Mail et The Telegraph ont publié les 18 et 22 novembre 2011, deux articles dans lesquels ils s’attardent sur le scandale ayant impliqué “G3 Good Governance Group Limited“ et le ministre britannique de la Défense de l’époque, Liam Fox, poussant ce dernier à remettre sa démission au Premier ministre David Cameron pour cause de conflit d’intérêts.
A ce sujet, ces deux journaux ont révélé que “G3 Good Governance Group Limited“, qui avait pour client l’entreprise britannique de Défense “Bae systems“, a été accusé d’avoir payé grassement un proche collaborateur du ministre démissionnaire, en la personne d’Adam Werritty, dans l’optique de bénéficier de contrats juteux octroyés par le département de la Défense britannique.
Un nid d’officiers de renseignementsPar ailleurs, les articles des deux quotidiens britanniques précités ont relevé les noms de certains collaborateurs influents de “G3 Governance Group Limited“, à l’image de Geoffrey Tantum (ex-haut responsable au sein du service de renseignements britanniques, MI6) et le lieutenant général britannique, Graeme Lamb (impliqué en mars 2012, dans un contrat à hauteur de 1.5 million de livres sterling, octroyé par le gouvernement bahreïni à “G3“ dans le but «d’embellir l’image du régime d’Al Khalifa auprès de la communauté internationale, suite aux événements du Printemps arabe»).
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Aujourd’hui, Geoffrey Tantum est un associé stratégique au sein de la société d’investissement “C5 Capital“, succursale de “Good Governance Group“, qui est dirigée par André Pienaar, l’un des fondateurs de G3. Sur sa page web personnelle , André Pienaar indique avoir occupé plusieurs postes de responsabilité dans des agences étatiques et ONG internationales, à l’instar de “l’Institut des Etats-Unis pour la paix“. Il cite aussi dans son CV “Brookings Institute“, un organe bien connu par des articles à charge contre le Maroc, notamment, sous la plume d’Anna Jacobs (chercheuse au sein de “Brookings Doha Center“), qui mène justement actuellement une campagne sur Twitter en faveur de Omar Radi.
A rappeler que la personne mandatée par “G3 Governance Group Limited“, en vue de traiter avec Omar Radi, s’appelle Clive Dare Newell qui a le grade d’officier au sein du MI6, les services de renseignements britanniques.