Le dossier des subventions accordées aux transporteurs pour faire face à la flambée des prix des carburants est décidément une véritable épine dans le pied du ministre de Tutelle, Mohamed Benabdeljalil. Après ceux qui dénonçaient l’inefficacité du dispositif et ceux qui se plaignaient d’être injustement exclus, émergent aujourd’hui ceux qui dénoncent un trafic permettant à certains transporteurs de bénéficier des subventions sans y avoir droit. C’est en tout cas ce dont s’est récemment plainte la Fédération nationale des transporteurs touristiques (FNTT).
Dans son édition du mercredi 24 août, Assabah rapporte que la représentation du secteur a fait éclater un nouveau scandale en interpellant le ministère sur des sociétés touristiques ayant bénéficié des subventions alors qu’elles ne sont propriétaires d’aucun véhicule touristique. C’était lors d’une récente réunion tenue par la tutelle avec les professionnels de ce secteur.
D’après les dires de la fédération, il existerait plusieurs cas concernés par ce scandale, à l’exemple d’une société qui se présente comme détentrice d’une trentaine de véhicules alors que, dans la réalité, elle n’en est pas propriétaire. Cela ne l’a pas empêché de bénéficier de plusieurs millions lors du décaissement des précédentes tranches de l’aide mise en place par les pouvoirs publics au profit des transporteurs pour compenser la hausse des prix à la pompe. D’après la même source, il existe aujourd’hui un véritable réseau qui contourne la loi en recourant aux sociétés de location de véhicules pour se présenter comme détenteurs d’un parc de véhicules éligibles, donc, à la subvention. Ces mêmes loueurs seraient d’ailleurs bien connus dans le secteur du transport de marchandises et sont même accusés d’être l'une des sources de l’inflation injustifiée des prix de certains produits de consommation.
C’est pourquoi, ajoute Assabah, la FNTT a sollicité l’intervention du ministère pour renforcer le contrôle sur les opérateurs exerçant au «noir» et ne respectant pas le cahier des charges de la profession. Celui-ci stipule que chaque entreprise opérant dans le secteur doit détenir au moins cinq véhicules de transport touristique, condition qui n’est pas toujours respectée. Beaucoup d’entreprises recourent, en effet, à la location des agréments d’autres véhicules dont la propriété revient à de tierces personnes, ce qui est de nature à constituer une concurrence déloyale pour les entreprises respectant la réglementation.
De son côté, rapporte Assabah, le ministre de tutelle a fait part aux transporteurs touristiques de sa volonté d’ouvrir une enquête sérieuse sur les accusations qui lui ont été rapportées, promettant des actions sans complaisance contre toute entreprise ayant été prise la main dans le sac en profitant indûment des subventions. Affaire à suivre.