Le Maroc s’est longtemps appuyé sur un modèle identitaire dual. La tradition et la modernité. Un modèle qui a assuré sa stabilité et sa résilience. Ce modèle reste pertinent plus que jamais mais il doit aujourd’hui s’élargir et s’enrichir à la lumière de l’expérience diasporique. Les Marocains du monde, par leurs parcours multiples, apportent de nouveaux référentiels qu’il serait réducteur d’ignorer.
La monarchie: socle et impulsion pour une nouvelle relation
Dans ce processus, la monarchie joue un rôle déterminant. Elle demeure le socle de continuité, le repère fondamental qui maintient le lien vivant entre le Maroc et ses enfants du monde. Mais au-delà, Sa Majesté impulse aujourd’hui une nouvelle réflexion: repenser en profondeur la relation avec la diaspora, non pas sur la seule base de symboles, mais dans une logique d’intégration réelle et de mobilisation des compétences.
C’est une opportunité historique que nous ne pouvons pas laisser passer.
Cette ambition royale impose aussi une exigence nouvelle: les partis politiques doivent s’en saisir et travailler à réinventer un paradigme capable de créer l’unité dans la diversité.
L’absence de projet politique solide dans les futurs programmes 2026 pour intégrer la diaspora dans le développement national serait une faute historique. Il ne s’agit pas d’un enjeu secondaire mais d’un défi stratégique: donner aux Marocains du monde la place qui leur revient dans l’édification du Maroc de demain.
La diaspora: richesse plurielle, décalage vécu
J’ai moi-même vécu cette double appartenance. Parti en France à l’âge de 8 ans, j’y ai grandi, étudié, travaillé, avant de revenir au Maroc en 1997. Depuis plus de 27 ans, je constate chaque jour le décalage entre l’agilité, la rapidité et l’innovation vécues dans les sociétés d’accueil, et la prudence structurelle qui freine parfois notre pays. Ce contraste nourrit une frustration profonde, mais aussi la conviction que la diaspora est une chance: loin d’affaiblir notre identité duale, ses apports peuvent la renforcer et l’élargir.
Le Maroc n’a pas à abandonner son modèle dual. Il doit l’augmenter. On pourrait parler de modèle dual pluriel: une identité qui garde ses deux piliers, la tradition et la modernité. Toutefois, il pourrait s’enrichir des modèles, des pratiques et des expériences acquises ailleurs.
C’est en acceptant cette hybridité que nous construirons une identité nationale plus riche, plus ouverte, mais toujours ancrée dans ses fondamentaux.
L’heure n’est plus aux constats. L’urgence est là: les nouvelles générations de la diaspora, nées ou ayant grandi loin du Maroc, risquent de voir leur lien identitaire se distendre si rien n’est fait.
De même, les transferts de devises, aujourd’hui essentiels à l’économie nationale, ne peuvent être considérés comme un acquis éternel sans une véritable stratégie de reconnaissance et d’intégration.
Pouvoirs publics, partis politiques, entreprises, société civile et diaspora: chacun doit agir, maintenant.
Il revient aux forces politiques et sociales de transformer cette impulsion en paradigme concret, capable de fédérer la pluralité autour d’un projet commun. C’est dans cette articulation qui intègre la stabilité, l’innovation, la tradition et les diversités que réside l’avenir de notre pays.
Il ne se construira qu’avec tous ses enfants, d’ici et d’ailleurs.






