Mais qu'est-ce qu'elle attendait pour diffuser la demande du Maroc auprès des cinquante-quatre pays membres de l'Union africaine? Qu'est-ce qui pourrait bien justifier ce retard dans la distribution de la demande marocaine déposée formellement le 22 septembre dernier? Cela fait maintenant deux mois et douze jours que le Maroc a saisi "formellement" ladite Commission, -la précision ici est nécessaire puisque le Maroc a fait savoir sa décision le 17 juillet dernier lors du 27ème Sommet des chefs d'Etat et de gouvernements tenu à Kigali, capitale rwanbdaise.
Beaucoup d'eau a donc coulé sous les ponts, sans que Dlamini-Zuma n'entreprenne quoi que ce soit pour divulguer la demande marocaine de réintégrer la structure panafricaine. Il est difficile de penser que ce retard était dû aux "lenteurs bureaucratiques", quoique ces lenteurs aient bel et bien marqué le mandat de la présidente de ladite Commission depuis son arrivée à la tête de cette structure en 2012, grâce à l'appui d'Alger, principal pourvoyeur de fonds à l'Union africaine.
L'appel téléphonique passé lundi 31 octobre par le roi Mohammed VI au président tchadien Idriss Deby, président en exercice de l'Union africaine, de transmettre aux Etats membres la demande marocaine, a en effet mis à nu les manoeuvres dilatoires de la présidente de la Commission de l'UA, dont le départ définitif sera acté en janvier 2017, lors du prochain Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernements africains, prévu à Adis Abeba, en Ethiopie.
Dans son appel au président tchadien, le roi a fait remarquer que la Sud-Africaine aurait dû transmettre "promptement" la demande de réintégration de l'UA par le Maroc. Avis partagé par le président en exercice de l'UA qui a réagi positivement à l'appel royal assurant le souverain qu'il "ferait le nécessaire" pour activer la demande marocaine.
Cette demande ne sera diffusée qu'à partir de ce vendredi 4 novembre, soit plus de deux mois après sa déposition "formelle" auprès de la Commission de l'UA.
Quand Dlamini-Zuma roulait pour AlgerL'arrivée de Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l'UA en 2012 avait suscité l'espoir de revitalisation de cette structure panafricaine, qui a cultivé l'image peu reluisante de servir de "syndicat pour les Bokassa-gueule-de-loup" qui ont battu des records de longévité à la tête du pouvoir! Un espoir "légitimé" par l'arrivée pour la première fois d'une femme à la tête de l'organe exécutif de l'UA qui, plus est, issue du pays de feu Nelson Mandela, figure emblématique de la lutte contre le régime raciste de l'Apartheid et généralement contre les pratiques liberticides qui ont jusqu'ici plombé le continent africain.
Or, il n'en n'a rien été. Si ce n'est ce déclin de l'UA savamment "planifié" et précipité par Dlamini-Zuma, en concertation avec son confrère Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, transformant l'UA en vecteur de division, au lieu d'oeuvrer au rassemblement des pays africains, à la défense des principes fondateurs de la structure panafricaine avec, à leur tête, le respect de l'intégrité territoriale des Etats membres.
Mettant à profit leur statut de "principaux contributeurs" de l'Union africaine, Pretoria et Alger ont instrumentalisé cette structure à des fins délibérément hostiles aux intérêts du royaume du Maroc. Dans un continent rongé par les conflits inter-ethniques, inter-religieux, sans parler de cette chape de plomb dictatoriale s'abattant sur les peuples africains frères, il était curieux de constater que le conflit saharien, inventé de toutes pièces par Alger, était devenu le cheval de campagne de l'Union africaine, dont l'objectif de départ a été détourné à la faveur d'une "offensive" diplomatique tous azimuths contre le royaume. Des initiatives typiquement algéro-sud-africaines étaient prises au nom des cinquante-quatre Etats membres de l'UA, confisquant ainsi le droit de la majorité écrasante, dont les nombreux pays amis du Maroc qui n'en pouvaient plus face à cette OPA illégitime opérée par Alger et Pretoria sur une structure censée représenter tous les pays africains. La motion des vingt-huit pays africains pour le retour du Maroc au sein de l'UA, transmise en juillet dernier au président en exercice de cette organisation panafricaine, illustre à bien des égards ce ras-le-bol contre cette mainmise du binôme Alger-Pretoria. Le retour annoncé du Maroc, accueilli favorablement par la majorité des Etats membres de l'UA, va certainement renverser cette tendance. D'où cette peur algéro-sud-africaine qui s'abat sur ceux qui tentent vainement de faire obstruction à un retour pourtant naturel du royaume au sein de sa famille africaine.