Miloudi Moukharik a été reconduit à la tête du doyen des syndicats marocains, au terme de son 12e congrès, tenu le week-end dernier à Casablanca. C’était prévisible depuis longtemps. Ce qui ne l’était, c’est l’élargissement du secréterait général qui compte désormais 21 membres dont, pour la première fois, des proches du président du RNI ainsi que des membres d’Annahaj, qui se sont pourtant montrés très hostiles à la réélection de Moukharik.
Le secrétaire général sortant rempile donc, pour un troisième mandat très contesté. Son élection a eu lieu, dimanche, loin des yeux de la presse et ses détracteurs l’accusent notamment d’avoir violé les statuts de l’organisation syndicale, commente le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison du lundi 18 mars. Le quotidien a relevé, en outre, la présence très remarquée de plusieurs personnalités de marque à l’ouverture du congrès. Il s’agit notamment d’Aziz Akhannouch, président du RNI, dont le déplacement très attendu a été largement commenté par la presse. Les travaux du congrès ont d'ailleurs démarré 45 minutes après l'heure prévue. Il se trouvait aux côtés de Bensaid Ait Idder, militant nationaliste de première heure, Nabila Mounib du PSU ainsi que Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP, entre autres.
Et comme tout syndicaliste qui se respecte, le président sortant a consacré l’essentiel de son intervention à fustiger le gouvernement, qu’il accuse d’avoir porté un sérieux coup au pouvoir d’achat des citoyens. Le gouvernement, a-t-il affirmé, a pris l’habitude de piocher dans les poches des classes laborieuses pour financer sa politique publique. En même temps, il continue à réduire les dépenses publiques et se désengage progressivement de ses responsabilités sociales.
Moukharik a également abordé le dialogue social, dossier incontournable du moment. Il a souligné, en ce sens, qu’autant son syndicat s’attache à la poursuite des négociations, dans le cadre d’un dialogue sérieux et fructueux, autant le gouvernement s’ingénie à y mettre des obstacles.
Cela étant, le journal s’est particulièrement intéressé aux détracteurs de la direction du syndicat. Entre autres membre du «courant réformateur», le journal cite le conseiller parlementaire Rachid El Meniari qui a été écarté du secrétariat national. Ce dernier affirme que le «congrès est illégitime, tout comme l’est la réélection de Moukharik». Le secrétaire général réélu, soutient-il, n’a pas droit à un troisième mandat qui n’est d’ailleurs pas prévu par les statuts. De même, la commission administrative, seul organisme habilité à valider les rapports financier et moral, ne s’est pas réunie depuis mars 2015. Ce qui a poussé ce responsable, ainsi que Said El Hirech, secrétaire général du syndicat des ports, affilié à l’UMT, à introduire un recours en annulation des résultats du congrès devant la justice.