«Comment expliquer que les services de renseignements du Maroc puissent connaître tout ce qui se passe en Europe ?», s’interroge Cumhuriyet, quotidien considéré comme l'un des journaux de référence en Turquie.
Une interrogation qui agite le monde entier, depuis ce mercredi 18 novembre, quand les forces spéciales françaises, notamment la BRI (Brigade de recherche et d’investigation), sont intervenues, sur la base de précieuses informations qui leur ont été fournies par les services marocains, pour neutraliser le commando de Abdelhamid Abaaoud et éviter à la France un nouveau carnage, après celui du sinistre vendredi 13 novembre ayant fait 130 morts parmi des civils sans défense et dont le seul «tort» était de se trouver là où les balles de la lâcheté les attendaient : salle de spectacle du Bataclan, stade de Saint-Denis, restaurants…
Une question à laquelle le journal turc de tendance kémaliste a tenté d’apporter des éléments de réponse, dans son édition du 20 novembre, sous ce titre révélateur : «Renseignements, failles, sanctions». Des failles, nombreuses, mises au passif des services de deux «grands Etats», en l’occurrence la France et la Belgique, mais rattrapées, avec une célérité et une efficacité déconcertantes, par les services marocains, appelés au secours par leurs homologues français et belges pour éviter, in extremis, de nouveaux drames qui auraient pu être encore plus désastreux.
"Parce que le Maroc qui est une monarchie, appréhende le fil et les risques de l’islamisme radical et comprend les mentalités des terroristes, leur façon de penser, de se comporter et d’agir», répond Cumhuriyet, épinglant au passage «l’Occident qui n’arrive pas à concevoir les pratiques et les actes des kamikazes (appartenant aux sectes, à l’instar des bouddhistes), ainsi que ceux d’Al-Qaïda et Daech qui se sacrifient pour atteindre le paradis «promesse d’Allah».
«La culture technologique de l’Occident est certes supérieure à toutes les autres. Cependant, la seule culture technologique peut constituer une menace pour la démocratie en Europe. Saviez-vous que le Parti Justice et Développement a été créé au Maroc en 1996, bien avant l’AKP turc et qu’il est au pouvoir depuis 2011, tout en étant sous la conduite du roi Mohammed VI qui incarne la monarchie, régulatrice du champ religieux ?», fait valoir Cumhuriyet, saluant la stratégie préventive déclinée sur trois fronts, tout aussi importants les uns que les autres, en l’occurrence le champ religieux (islam du juste milieu), social (l’élément humain au centre du développement) et le sécuritaire (capacité d’anticipation et opérabilité des services marocains).
S’agissant du sécuritaire, Cumhuriyet salue la capacité d’analyse et de réactivité des services marocains. Passant en revue les faits d’armes des services marocains, depuis les attentats du 11 mars 2004 à Madrid aux fusillades du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, en passant par l’attaque terroriste avortée à bord du train Thalys reliant Amsterdam à Paris, le quotidien turc souligne que ces actes ont permis au Maroc d’en tirer les bonnes conclusions, en mettant en place une nouvelle politique sécuritaire basée sur le renforcement du dispositif de surveillance et de contrôle, notamment à l’égard des Marocains résidant en Europe.