Le détournement d’armes vendues initialement à l’Algérie vers le front polisario vient d’être confirmé. Dans son rapport 2018 sur l’exportation d’armes au Maghreb, consulté par le360, le Centre de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, GRIP, basé à Bruxelles, avertit en effet qu’une partie non négligeable de ces armes destinées à l’Algérie sont détournées au profit du front séparatiste du Polisario.
Mettant en garde contre «le risque de détournement de la technologie ou des équipements militaires ou de réexportation», le centre européen note que «grâce au soutien de l’Algérie, le Front Polisario s’est retrouvé doté d’un arsenal conséquent qu’il conserve en l’absence de règlement du conflit».
L’ «armée» du Polisario «est principalement équipée d’armes de fabrication soviétique, offertes par l’Algérie», certifie le centre européen, relevant que «certaines armes ont été (aussi) fabriquées en France, aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Autriche, au Royaume-Uni et en Chine».
S’agissant du type d’armes vendues et détournées par Alger au profit du Polisario, le centre indique que le front séparatiste «dispose de plusieurs unités blindées, composées de chars soviétiques (T-55, T-62), d’autres véhicules blindés plus modernes tels que les (EE-9, BRDM-2), de véhicules de combat d’infanterie (BMP-1s, BTR-60), de lance-roquettes multiples (BM-21) et d’autochenilles 55».
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Et d’ajouter: «le polisario possède aussi des missiles sol-air (missiles antiaériens tels que SA-6, SA-7 Grail, SA-8 Gecko et SA-9 Gaskin) qui ont abattu plusieurs avions de combat marocains F-5 lors des affrontements directs entre 1976 et 1991».
Conflit du Sahara, Alger sur la selletteÉvoquant le surarmement de l’Algérie, détentrice du record africain en importation d’armes, le GRIP attribue cette réalité à la légendaire rivalité algérienne avec le Maroc. «Le coeur d’un éventuel problème au regard du critère considéré lors de l’analyse du cas algérien concerne à nouveau la relation avec le Royaume du Maroc. Les autorités algériennes ont réaffirmé en 2018 leur non-participation aux négociations directes entre le Maroc et le front Polisario portant sur une éventuelle résolution du conflit au Sahara occidental», note le GRIP.
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«L’Algérie a montré son soutien indéfectible et non négociable à la cause sahraouie. Elle juge que le différend doit être réglé par application des dispositions du processus onusien», indique le GRIP.
Or, le coeur du problème n’est pas tant le processus onusien que la position d’Alger. Celle-ci met en danger ce processus dès lors qu'elle continue d'armer le front séparatiste du Polisario. Une attitude délibérément hostile qui s’inscrit en porte-à-faux avec l’appel de l’ONU pour une solution politique basée sur le réalisme et l’esprit de compromis.