Comme c’était le cas lors de sa première apparition au Parlement, la députée Amina Maelainine a été malgré elle la vedette de la réunion, le week-end dernier, du conseil national de son parti, dont elle est également membre. Les membres du parlement du parti n’ont ainsi pas manqué d’évoquer son cas, en aparté, en public comme l’a fait Benkirane ou indirectement comme c’est le cas d’El Orthmani. D’autres on choisi de faire référence à ce sujet d’une manière détournée et insidieuse comme c’est le cas pour Driss El Azami, le président du conseil national, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 14 janvier.
Saad-Eddine El Othmani, secrétaire général, a certes affirmé en passant en revue les difficultés auxquelles le parti a fait face pendant l’année écoulée, que la violation de la vie privée des citoyens est condamnable aussi bien du point de vue religieux que constitutionnel et moral, et répréhensible sur le plan légal, mais il ne faisait en fait que préparer le terrain pour passer un savon à celle qui était assise juste à côté de lui. Partant sur sa lancée, El Othmani a en effet enchaîné, soulignant clairement que l’attachement au référentiel islamique ne doit pas se réduire à une simple déclaration d’intentions et qu'il est un mode de vie qu’il faut s’imposer.
Aussi, poursuit le secrétaire général du parti, les membres du PJD, surtout ceux qui assument des charges et des responsabilités publiques, doivent-ils donner l’exemple en se conformant aux principes et à la ligne de conduite exigée par le référentiel du parti. De ce fait, a-t-il assuré, «je serai le premier à m’opposer à demander des comptes à tous ceux parmi les membres qui auront failli aux règles de conduite dictées par leur appartenance au PJD».
Pour sa part, et lors de sa première sortie médiatique après son présumé soutien à la députée dont elle a, d’ailleurs, fait état sur son «mur» Facebook, l’ancien secrétaire général, Abdelilah Benkirane, est revenu lui aussi sur cette affaire. Pour lui, «qu’Amina Maelainine retire le voile fait partie de sa liberté individuelle. Cela relève, en fin de compte, de ses rapports avec Dieu. C’est un acte qui n’est pas réprimé par la loi et qui ne concerne en rien le parti». Une déclaration, mais également un soutien franc de la part de Benkirane, qui n’a fait qu’isoler encore plus la concernée, souligne Al Ahdath Al Maghribia.
En effet, Benkirane a beau soutenir que le voile «n’est, après tout, pas une condition indispensable pour entrer au PJD. De toute façon, parmi les Marocaines, il y a celles qui le portent et celles que ne le portent pas. Ce qui en fait une affaire entre la personne et son créateur», rien n’y est fait. Maelainine, que le protocole du parti a placée sur l’estrade parmi les dirigeants, a paru comme assise sur le banc des accusés pour la plupart des membres du conseil national. Les seuls moments où elle a eu droit à un répit, et un semblant de sympathie, c’est lors de l’intervention de Driss El Azami qui a tenté, et réussi, pendant quelques instants, à détourner l’attention de l’auditoire en s’attaquant aux supposés adversaires de son parti. C’est-à-dire en s’attaquant à tout le monde, en réalité.
Il faut dire que le scandale suscité par les escapades parisiennes de la députée est loin d’être le dernier souci du PJD. Ce genre de comportement a eu en effet pour conséquence d’éroder sensiblement sa popularité, écrit pour sa part le quotidien Al Akhbar dans son numéro du lundi 14 janvier. D’après le journal, les photos de la députée qui ont été largement diffusées, notamment sur les réseaux sociaux, ont eu l’effet d’un séisme dans les rangs des «adeptes» du PJD, principalement dans la région du Nord.
Il s’agit, explique le journal, d’une catégorie de sympathisants et soutiens du PJD, et donc de fidèles électeurs, qui ont généralement un niveau d’instruction relativement bas et qui ont été séduits par le discours religieux et moralisateur du PJD. Le détournement de cette base électorale a fait que les fiefs électoraux du parti ont commencé à tomber les uns après les autres. Et pour ne rien arranger, la gestion catastrophique des affaires publiques dans certaines communes dirigées par le parti islamiste a eu l’effet du coup de grâce pour la popularité du PJD dans ces régions.