Une entente maroco-tchadienne redonne vie à la Communauté des Etats sahélo-sahariens

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Revue de presseKiosque360. Après plusieurs années d’hibernation, la CEN-SAD, ou Communauté des Etats sahélo-sahariens, reprend vie. Et ce, grâce à une initiative maroco-tachadienne, au moment où de nouvelles menaces pèsent sur la région: chaos libyen, tensions politiques au Soudan et en Algérie…

Le 14/04/2019 à 22h10

Créée en 1998 à Tripoli (Libye), la Communauté des Etats sahélo-sahariens a failli ne pas survivre à son fondateur, Mouammar Kadhafi, tué en 2011. Malgré les pressions de la France sarkozyste, visant à saborder cette vaste organisation régionale, le Maroc, qui y avait rapidement adhéré pour compenser son absence au sein de l’Union africaine, va prendre à bras-le-corps l’initiative de redonner vie à la CEN-SAD.

Ses efforts seront finalement couronnés de succès, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum du lundi 15 avril, après des concertations continues avec le Tchad en vue d’organiser un nouveau sommet de cette organisation régionale. Cette dernière était en hibernation depuis son dernier sommet en 2013 à Ndjamena, précédé d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du CEN-SAD à Rabat en 2012, sous la présidence de Saad-Eddine El Othmani, alors ministre des Affaires étrangères et de la coopération.

Ce nouveau sommet, qui s’est achevé samedi dernier dans la capitale tchadienne, a été marqué par la lecture d’un message royal, qui a clairement décrit les contours de la CEN-SAD: «Que cette rencontre ait précisément lieu à Ndjamena constitue un symbole particulier. C’est en effet ici que notre Communauté a connu, en 2013, une mutation majeure, en substituant à une "Communauté de lutte contre la désertification, la sécheresse et les changements climatiques", un ensemble dédié à la promotion de la coopération, du développement durable, de la préservation et la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité, de la promotion du dialogue politique et la lutte contre la criminalité transfrontalière organisée dans toutes ses formes.»

Ce sommet, ajoute Al Massae, est d’autant plus important qu’il intervient à un moment crucial. En effet, avec le nouveau regain de tension entre les factions militaires en Libye, la chute des régimes d’Omar El Bachir au Soudan et de Bouteflika en Algérie, en plus des groupes terroristes qui essaiment le Mali et Boko Haram au Nigéria, les pays du CEN-SAD doivent plus que jamais resserrer leurs rangs.

Pour ce faire, le sommet de Ndjamena a pris d’importantes décisions structurelles en vue de relancer la machine de la CEN-SAD. Ainsi, le siège de cette organisation transrégionale a été transféré (provisoirement) de Tripoli vers Ndjamena. En reconnaissance du rôle du Maroc, le sommet a aussi décidé de confier au royaume un poste nouvellement créé, celui de secrétaire exécutif-adjoint de la communauté CEN-SAD, pour un mandat de 4 ans. Le secrétariat exécutif étant déjà occupé de longue date par le Niger.

Et le quotidien de conclure qu’il faut s’attendre à une rapide montée en puissance du Maroc au sein de la CEN-SAD, où son leadership est déjà affirmé, au grand dam de l’Algérie qui n’a jamais fait partie de cette communauté, forte économiquement de ses 1000 milliards de PIB, démographiquement de ses 600 millions d’âmes, et numériquement de ses quelque 28 Etats membres.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 14/04/2019 à 22h10