Une famille avec des enfants, dont un handicapé, observant un sit-in depuis le mois dernier, dans un véhicule, dans la zone de Mijk, non loin d’un point de contrôle de la Minurso, cela est inédit. Pourtant, c’est le cas de la famille de Mahmoud Bechari Saleh, dont l’initiative a mis dans l’embarras le Polisario et son mentor, l’Algérie. Pour tenter de s’en sortir, ces derniers on choisi la fuite en avant, en essayant de diluer les revendications de cette famille de résidents des camps de Tindouf, avançant des considérations pécuniaires.
Le Polisario et l’Algérie prétendent, en effet, que si la famille de Hammoudi Bechari Saleh proteste de la sorte, c’est parce qu’elle a demandé un permis de recherche d’or qu’elle n’a pas pu obtenir, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du jeudi 7 février. Des allégations, poursuit le journal, que Hammoudi Bechari Saleh n’a pas tardé à balayer d’un revers de main. Dans un enregistrement diffusé sur les réseaux sociaux, il assure que son acte n’a rien d’une revendication d’orpailleur, et qu'il concerne bel et bien ce qui se passe actuellement dans les camps de Tindouf. En un mot, il exige que le Polisario lui explique clairement en qualité de quoi, exactement, il vit dans les camps.
En d’autres termes, il exige qu’on lui reconnaisse un statut lui garantissant ses droits les plus élémentaires et le prémunissant des persécutions des milices du Polisario et des services des renseignements algériens. Il demande, en ce sens, à être reconnu comme «réfugié politique» et qu’il lui soit délivré en main propre, de la part des services de l’ONU, une carte attestant de ce statut. C’est seulement ainsi qu’il pourra continuer à vivre à l’abri du besoin et à être protégé, ainsi que les siens, de la précarité et de la famine.
Pour mieux clarifier sa situation actuelle, Bechari Saleh précise, dans le même enregistrement, qu’il observe un sit-in en s’abritant avec sa famille dans sa propre voiture, son unique gîte pour le moment, en plein Sahara, depuis le mois dernier. Outre sa femme, il est accompagné de ses cinq enfants, âgés de un à 15 ans, dont un garçon de 8 ans handicapé et souffrant également d’épilepsie. Il assure, écrit le journal, que malgré sa proximité d’un point de contrôle de la Minurso, cette dernière n’a jamais tenté de prendre contact avec lui et sa famille. La mission se contente, affirme-t-il, de prendre attache avec la direction du Polisario, rapporte Al Ahdath Al Maghribia.
C’est ainsi qu’il s’est présenté auprès des services de la Minurso pour demander une assistance humanitaire pour lui, sa famille et le reste des séquestrés de Tindouf. Mais, pour l’heure, c’est la Minurso elle-même qui craint pour la vie de ses membres. C’est du moins ce que rapporte le quotidien Al Massae dans son édition de ce jeudi 7 février. Le chef de la mission vient, en effet, de donner ses instructions pour lever le niveau d’alerte au maximum. Cette décision intervient après que la Minurso a reçu des menaces d’atteinte à la vie de ses membres de la part des membres du Polisario. Lesquelles menaces ont été prises très au sérieux, souligne le journal.
Concrètement le chef de la mission a donné des ordres pour rester en alerte lors des déplacements dans la zone de Guarguerat, dans la zone tampon ou même au siège de la mission. Selon les instructions qui leur ont été données, les membres de la mission doivent rouler vitres fermées et remettre leurs véhicule au siège de la mission à la fin de la journée. Ils sont également tenus d’équiper tous les véhicules d’extincteurs, entre autres consignes de sécurité. Cet état d’alerte décrété par la Minurso intervient, souligne Al Massae, après l’auto-immolation d’un membre du Polisario dans la zone de Guarguerat, ce qui donné suite à des appels à la vengeance visant la Minurso et émis par des éléments du Polisario sur les réseaux sociaux.