Les relations entre le Maroc et l'Espagne risquent de se distendre au vu des faits relatés par Libération, dans sa livrée du lundi 14 septembre. En effet, à en croire des sources marocaines citées par le quotidien francophone, un incident des plus graves a eu lieu vendredi dernier, dans la baie du Détroit de Gibraltar, entre des pêcheurs du Royaume et une frégate de la marine espagnole.
«Le pire a été évité de justesse puisque les bateaux (Mayid, Hanan et Ibn Sina) visés transportaient chacun environ 40 pêcheurs», indique une source qui souhaite préserver l’anonymat et précise: «C’est une première, car les bateaux marocains souvent interceptés par les autorités espagnoles dans cette zone n‘ont jamais été l’objet de tirs d’intimidation comme cela a été le cas vendredi dernier. D’autant que la loi internationale interdit en l'occurrence tout usage de la force». Rien ne justifiait donc ce coup de force, selon la même source qui ajoute: «On procède ainsi lorsque le capitaine du navire n'obtempère pas aux sommations, suivies éventuellement de tirs d'avertissement».
En Espagne, c’est motus et bouche cousue. Pour en savoir plus, Libération a interrogé Youssef Benjelloun, président de la Chambre des pêches maritimes de la Méditerranée, qui a déclaré que l’incident avait bien eu lieu, mais sans usage de tir à balles réelles. «Une enquête est en cours pour comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire, puisqu’il s’agit d’une affaire très sensible à examiner avec prudence», a-t-il affirmé. La source du journal affilié à l’USFP précise enfin que "des efforts sont déployés de part et d’autre pour ne pas donner à cette affaire une grande ampleur".
Selon Libération, le silence s’explique par le fait que les deux pays sont alliés sur le plan de la la coopération technique et opérationnelle en matière de sécurité et de défense nationale. «Pour l'Espagne, le Maroc est un partenaire, un allié, un ami et un voisin privilégié», a affirmé Fernandez Diaz, ministre de l’Intérieur ibérique, lors d’une conférence de presse, en ajoutant que les deux pays traversent «l'un des meilleurs moments de leur histoire commune.» Une coopération qui se traduit concrètement par la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme. Mais cette intervention musclée de vendredi dernier fait tache, quelques semaines après l’incident impliquant la douane espagnole, accusée d'avoir procédé à un tir d'intimidation visant un bateau dans les eaux territoriales de l'enclave britannique.
