Qui pouvait se douter que ce pacte tripartite annoncé à Tanger, le 8 août, au lendemain des élections des Chambres professionnelles allait donner lieu, plus tard, à une alliance verticale inédite au Maroc? Personne ne pouvait, en effet, douter que les trois signataires de ce pacte, le RNI, le PAM et l'Istiqlal, allaient dominer, dans cet ordre, les élections locales, régionales et législatives qui ont lieu deux mois plus tard et encore moins que la majorité sera composée des trois partis.
Et cela au moins pour deux raisons, la débâcle électorale PJD était alors totalement imprévisible, et puis, «les élections des chambres professionnelles sont complètement déconnectées des scrutin local et législatif », comme l'ont soutenu nombreux analystes politiques. Les faits ont fini par démontrer cette assertion. La volonté de faire primer l’intérêt national a fait le reste.Aujourd'hui, avec cette alliance reproduite à l'échelle des instances élues, depuis la plus petite commune jusqu'à la majorité parlementaire et donc le gouvernement, constitue un tournant dans la pratique politique au Maroc. Ce n’est certes pas systématique, surtout au niveau des communes, mais c’est une véritable rupture avec les pratiques du passé, commente La Vie éco dans son édition du vendredi 24 septembre.
En tout cas, poursuit l'hebdomadaire, c'est un rêve caressé déjà depuis le début des années 90 par la Koutla, devenu une ambition du gouvernement de l'Alternance conduit par Abderrahmane Youssoufi, qui voulait reproduire la «majorité nationale» au niveau des assemblées communales. Aujourd'hui, c'est une réalité. Sa finalité n’échappe à personne. La construction de cette alliance entre les trois partis au niveau des institutions territoriales a, en effet, pour objectif de donner corps à des instances territoriales homogènes et proches du citoyen, souligne l'hebdomadaire. Ce qui devrait se traduire par plus d’efficience.
Lors de la présentation de sa majorité, le nouveau chef du gouvernement a mis en avant la volonté affichée par les trois composante de sa coalition de former un gouvernement «soudé et efficace» qui puisse «exercer ses fonctions en toute homogénéité, dans un esprit d’altruisme et en totale solidarité entre ses composantes». Cette volonté a justement guidé à la formation des instances dirigeantes au niveau local. Les trois partis ont ainsi réussi le pari de rationaliser la pratique politique.Nous sortons, souligne La Vie éco, d’une étape où une seule formation dictait sa volonté à tous, surtout dans les grandes villes, en vertu d’un supposé mandat franc tenu des mains des citoyens. Et ce, grâce à cette alliance ouverte, ici et là, à d’autres partenaires. Le RNI, le PAM et l’Istiqlal viennent également de rompre avec une ère où les collectivités territoriales, donc le vécu quotidien des citoyens, sont gérées par des majorités hétérogènes, voire contre-nature, constituées selon des considérations tribales et corporatives ou tout simplement dans le but de préserver des intérêts personnels des uns et des autres, évidemment en l’absence de toute logique politique.
L’hebdomadaire estime qu’avec cette stratégie, il serait possible aujourd’hui de finaliser le chantier de la régionalisation avancée, mettre en œuvre plus facilement la déclinaison locale et régionale du nouveau modèle de développement et, surtout sur le plan technique, faire aboutir le processus de la déconcentration administrative, sans parler du nouveau chantier de la fiscalité locale, entre autres. Naturellement, conclut l’hebdomadaire, on devrait aussi assister à une plus grande synergie entre le programme gouvernemental et les plans de développement régionaux et communaux.