«Faire taire Smaïl Chergui». C’est à peine si le sommet extraordinaire de l’Union Africaine organisé sous la thématique «faire taire les armes en Afrique» n’a pas changé de slogan. Les dix heures qu’a duré cette visioconférence, rassemblant les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres ont été harassantes. Ils ont dû subir trois interminables interventions du président de la Commission Paix et Sécurité (CPS) de l’organisation panafricaine. Au long de ses palabres lassants, le «scavenger» (soit un «charognard»), comme on se plait à l’appeler dans les couloirs de l’UA, n’avait qu’un seul mot au bec: le «Sahara occidental». Un sujet qui ne figure pourtant pas dans la documentation du sommet.
Tout au long de son double mandat, l’ancien ambassadeur d’Alger à Moscou (qui a certainement raté l’épisode de la fin de la guerre froide) a mis en place de basses manœuvres, indignes d’un diplomate, pour incruster, dans la documentation de l’UA, des passages hostiles au Maroc.
Au cours de ce dernier mois, Smaïl Chergui a redoublé d’efforts, d'autant qu’il a été en charge, en tant que président de la CPS, de préparer et de présenter les projets de texte de ce sommet. Depuis son premier draft, l’Algérien a cherché à placer le dossier du Sahara au cœur des discussions. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, ainsi que plusieurs autres responsables de l’organisation ont dû lui remonter les bretelles, que ce soit lors des réunions des représentants permanents ou du comité exécutif réunissant les ministres des Affaires étrangères.
Se livrant à toute les formes possibles de délinquance diplomatique, Smaïl Chergui a continué à mordre, telle une hyène, dans son discours haineux au Maroc, malgré toutes les gifles qui lui ont été assénées, durant les différentes phases des préparatifs du sommet.
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Et pas plus tard qu'hier, dimanche 6 décembre, devant les caméras des chefs d’Etat et de gouvernement, le Commissaire sortant n'a pas pu résister à faire à nouveau son show. Encore une fois, il ne s’en est pas tenu aux projets de textes discutés et validés, mais a remis le sujet du Sahara sur la table, dans une nouvelle violation des us diplomatiques. Atteint d'une vraie logorrhée au stade terminal, Smaïl Chergui a repris la parole à deux reprises, se permettant même de présenter des recommandations d’amendement, devant la stupéfaction des dirigeants africains, et tout particulièrement du président en exercice de l’Union africaine (UA), le Sud-africain Cyril Ramaphosa.
Même les supérieurs hiérarchiques du diplomate algérien n’ont osé une telle offense aux mécanismes de fonctionnement de l’organisation panafricaine. Mais il est vrai que le Premier ministre, Abdelaziz Djerrad, n’a pas eu le temps de placer trois phrases avant de perdre sa connexion avec ses donneurs d'ordre à Alger. Son ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a quant à lui eu plus de chance avec l'Internet algérien (classé, soit dit en passant, 173e sur 176) que lors de sa précédente visioconférence du mercredi 2 décembre.
Mais s’il ne s’est pas décomposé en tout petits pixels cette fois-ci, il s’est quand même désagrégé, et cette fois-ci physiquement, en constatant, pendant les débats, que le bloc de soutien d’Alger avançait en fait en rangs dispersés. Parmi les intervenants de la Communauté d’Afrique australe, groupement réputé parmi les plus hostiles au Maroc, d'éminents membres, comme la Zambie et le Malawi, n’ont pas adhéré aux thèses algériennes désuètes qui parlent de «décolonisation» ou de «référendum» au Sahara. Une nouvelle démonstration, éclatante, de l’isolement de l’Algérie sur la scène continentale.
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Les piètres manœuvres de Smaïl Chergui n’ont donc finalement servi à rien. Toutes les instances de l’UA ont opté pour une approche légaliste dans le traitement de ce dossier du Sahara.
Moussa Faki Mahamat a fait référence à la décision 693, adoptée lors du sommet de Nouakchott en 2018, et appelé à la réactivation du mécanisme de la Troïka pour appuyer les efforts des Nations Unies, «cadre exclusif» pour la recherche d’une solution au conflit régional, créé autour de la question du Sahara marocain.
Cette position qui rétablit l’esprit et les valeurs du 31e sommet de l’UA, a été approuvée par Cyril Ramaphosa et adoptée par le sommet, signant ainsi l’épilogue d'une sournoise (et finalement inutile) tentative de la diplomatie algérienne de se réapproprier le dossier du Sahara par l’Union Africaine.
Menée par Smaïl Chergui, cette campagne de dénigrement a publiquement démontré l’acharnement dont est capable le régime algérien pour défendre son propre agenda, au détriment des intérêts communs de l’Union, et des protocoles diplomatiques de l’organisation.
Difficile désormais de faire confiance à des représentants d’Alger pour présider les futures commissions prévues dans le nouvel organigramme structurel de l’UA. En effet Smaïl Chergui sera bientôt de retour à Alger, au grand soulagement de ses confrères diplomates au siège de l’Union, à Addis-Abeba… Le «scavenger» a désormais tout le temps pour fouiller dans les poubelles d’Alger.