USFP: le torchon brûle entre Lachgar et Benabdelkader

Mohamed Benabdelkader, ministre de la Justice. 

Mohamed Benabdelkader, ministre de la Justice.  . DR

Revue de presseKiosque360. Le ministre et membre dirigeant de l’USFP, Mohamed Benabdelkader, a surpris tout le monde en contestant la validité des congrès du parti. Ses critiques acerbes ont suscité la colère des socialistes qui ont dénoncé une lecture arbitraire de toute une histoire jalonnée de luttes.

Le 12/06/2019 à 19h34

Le premier secrétaire de l’USPP, Driss Lachgar, s’est désolidarisé des propos incendiaires de Mohamed Benabdelkader, ministre de «l’heure d’été» et membre du bureau politique. Ce dernier a surpris la plupart des socialistes avec des propos blessants et peu amènes envers l’histoire du parti. Il a été catégorique en affirmant que tous les congrès du parti étaient spécieux et factices, exception faite du congrès constitutif et celui extraordinaire de 1975. Et le ministre d'ajouter une couche en déclarant que «ces forums servaient à satisfaire les copains et à trouver des consensus vides de sens, à tel point qu’ils ne produisaient ni directions, ni projet politique ou idéologique».

Ce qui attire l’attention dans cette sortie inattendue du ministre Benabdelkader, c’est qu’il s’exprimait dans la langue de Molière comme s’il voulait adresser des messages à des parties bien définies. Le socialiste rebelle a même contesté la validité des congrès auxquels il a participé personnellement (9e et 10e), où il était très proche du centre de décision et a joué un rôle prépondérant.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du jeudi 13 juin, que Benabdelkader s’est attaqué directement au premier secrétaire du parti et non moins ami, Driss Lachgar, en l’accusant d’avoir réintroduit, d’une manière tragique, la fourberie au sein du parti. C’est dire, ajoute le ministre, que seul le prochain progrès est capable de remettre sur pied un parti qui a vécu pendant soixante ans dans l’obscurité totale. Encore faut-il, poursuit-il, que les militants produisent des réflexions qui tiennent compte des mutations dans le monde pour élaborer un «véritable projet».Cette sortie «contrôlée» du ministre a été considérée par la plupart des socialistes comme une annonce de sa candidature à la tête du parti. Ce faisant, il a totalement ignoré les cadors de l’USFP tels Driss Lachgar, Habib El Malki et Abdelkrim Benatik. D’ailleurs, ce sujet a suscité des débats houleux au sein du bureau politique, qui s’est réuni mardi dernier. Les propos de Benabdelkader ont été considérés comme un parasitage prémédité pour saper la dynamique socialiste entamée depuis le ramadan dans plusieurs régions et provinces.

Les dirigeants et les intellectuels du parti ont réagi vivement aux déclarations du ministre socialiste. L’un d’entre eux considère que Benabdelkdaer a réduit, d’une manière honteuse, toute l’histoire de l’USFP à deux congrès, avec une lecture arbitraire qui a «sorti les congrès du parti de leurs contextes politiques, que ce soit dans ses luttes avec l’Etat ou contre les forces réactionnaires». Comme d'habitude, les critiques acerbes du ministre socialiste n’ont pas ébranlé la passivité de Driss Lachgar qui s’est contenté de dire que ces réflexions n’engagent que leur auteur, tout en précisant qu’elles affectent la dynamique du parti. Dans ce climat tendu, le bureau politique a décidé de réunir le conseil national le 29 juin, pour préparer les prochaines échéances électorales.

Par Hassan Benadad
Le 12/06/2019 à 19h34