Le premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) est sur le point de se réconcilier avec les dix membres du bureau politique qui ont initié un mouvement de fronde contre sa gestion du parti. C’est, du moins, ce qu’avance le quotidien Assabah dans son édition de ce week-end des 20 et 21 mai.
Selon le journal, les dirigeants socialistes protestataires ont décidé de participer au dixième congrès du parti qui a démarré vendredi. La rencontre devrait également voir la participation d’un nombre important de délégations des partis de gauche de l’Afrique de l’Ouest. Mais c’est un autre sujet.
Pour revenir à l’éventuelle réconciliation interne, le journal note que Habib El Malki, président du congrès, Abdelkebir Tabih, Mohammed El Alami, tous les deux membres du bureau politique et le chef de groupe parlementaire socialiste à la première Chambre ont été choisis pour représenter l’USFP au congrès du Rassemblement national des indépendants (RNI), qui démarre en même temps.
Assabah estime que la présence de deux membres du groupe «frondeur» dans cette délégation est un signe que les dix contestataires vont participer à la grand-messe de Bouznika. De même, affirme le journal, que d’autres dirigeants, également en froid avec le premier secrétaire, seront également présents. Ils craignent, croit savoir le quotidien, de perdre leur place et leurs positions au sein du parti en optant pour la politique de la chaise vide.
Le dixième congrès de l’USFP, rappelle le journal, démarre cette fois avec deux particularités. D’abord, le futur premier secrétaire est déjà connu d’avance, puisque Driss Lachgar est le seul à s’être porté candidat au poste. Ensuite, le congrès commençant avec les travaux des commissions, la séance d’ouverture n’aura lieu que samedi, soit le deuxième jour. Ce chamboulement de programme a été dicté par la crainte de l’USFP de ne pas attirer des invités de marque qui auraient choisi de se rendre plutôt au congrès du RNI à El Jadida.
Cela dit, note le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui a consacré une page entière à l’événement dans son édition de ce week-end, même si la «dissidence» des dix membres du bureau politique ne pouvait pas affecter les structures et l’organisation du parti, il n’empêche que les socialistes restent inquiets sur l’issue de ce congrès. D’abord, parce qu’il intervient suite à un processus électoral qui a vu le déclin de la popularité de l’USFP. En outre, il ne faut pas oublier que les derniers congrès, en particulier le 9e, ont connu un clivage notoire entre différentes tendances du parti. Ensuite, parce que les divergences internes connues dernièrement par le parti font que les socialistes n’ont pas pris assez de recul et ne se sont pas donné suffisamment de temps pour débattre des vrais problèmes du parti, mais également de la société.
Les discussions qui ont précédé le congrès et qui ont abouti à l’élaboration des documents du travail ont certes abordé toutes ces questions, mais les différends entre les dirigeants ont fait que ce débat a été marginalisé et n’a pas été relayé dans la société ni dans les médias. Or, affirme le journal qui cite Abdelkarim Benatiq, une grande partie du malaise que vit actuellement le parti est causée par l’absence d’un débat idéologique et intellectuel au sein de cette formation. L’USFP, affirme ce dirigeant, a été trop longtemps occupée à participer à la consolidation des institutions de l’Etat, au point d'en oublier ses propres changements internes.