En se dotant d’un cadre juridique dédié au développement d’une industrie militaire locale, le Maroc franchit un pas important vers une certaine indépendance en matière d’acquisition de matériels militaires, a indiqué Mohamed Chiguer, dans une déclaration pour Le360.
Selon cet expert des questions militaires, la mise en place au Maroc d’un écosystème local de production d’armement pour subvenir aux besoins des Forces armées royales (FAR) et des services de sécurité du Royaume, est de nature à alléger la facture liée à l’importation de ces produits.
Concernant les armes susceptibles d’être fabriquées au Maroc, Mohamed Chiguer souligne que les autorités ont élaboré trois listes (A, B et C) énumérant le matériel, les armes et les munitions qui pourront être produits localement. On y retrouve notamment les fusils, les blindés, les mitrailleuses, les chars, les drones, les lance-roquettes et les lance-grenades de tout calibre, ainsi que les explosifs.
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Les investisseurs qui souhaitent se lancer dans cette industrie devront en faire la demande devant la Commission nationale créée à cet effet, seule habilitée à octroyer les licences de fabrication. Ces licences sont délivrées pour une période de 10 ans.
Cette Commission, rappelle Chiguer, est composée du ministre délégué en charge de l’Administration de la défense nationale, des représentants des ministère de l’Intérieur, des Affaires étrangères, des Finances, de l’Industrie. La Gendarmerie royale, les Forces armées royales, la DGSN et les Douanes, y sont également représentées.
S’il est difficile à ce jour de nommer les sociétés qui se lanceront dans cette industrie, Mohamed Chiguer fait tout de même remarquer que des entreprises américaines pourraient se manifester. «L’accord de partenariat stratégique liant le Maroc aux Etats-Unis a insisté sur les investissements dans le secteur industriel et la recherche scientifique», affirme-t-il, ajoutant qu’il est «clair» que le Maroc se focalise sur les investissements américains, dans la mesure où ce pays est à la pointe des dernières technologies dans le domaine de l’armement.
En outre, souligne-t-il, le Maroc et les Etats-Unis dispose d’une longue expérience commune, que ce soit en termes d’exercices militaires conjoint ou en terme d’achat de matériels militaires. Par ailleurs, des industriels américains comme Boeing, géant mondial de l’aéronautique, ont déjà une large connaissance du marché marocain et des capacités de production dont dispose le Maroc, argumente notre expert.
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Evoquant les perspectives de cette industrie militaire locale, Mohamed Chiguer avance que d’ici une dizaine d’année, le «Made in Morocco» pourrait avoir voix au chapitre, à l’image du «Made in Turkey», en particulier dans le domaine dans la défense aérienne. Notre interlocuteur estime en effet que le Maroc, qui a développé ces dernières années son industrie aéronautique, à une vraie carte à jouer dans ce domaine, notamment dans la fabrication de drones.
Le développement d’une industrie militaire locale devrait enfin avoir des retombées positives sur l’économie marocaine. «L’industrie militaire agit toujours comme un catalyseur de l’économie», indique Chiguer. Outre la baisse des importations, elle dope les exportations, attire les investisseurs étrangers et crée des emplois qualifiés, précise-t-il. Et de conclure que le lancement de cette industrie nouvelle est à même de donner un véritable coup de fouet au Plan d’accélération industriel (PAI) du Royaume.