Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a fait le déplacement hier lundi à Berlin pour participer à la Conférence sur le Partenariat G20 - Afrique, qui s'ouvre ce mardi 30 octobre. Rien dans l'agenda officiel du chef de l'Etat ivoirien n'indiquait toutefois qu'il allait rencontrer l'Envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Köhler. Ce n'est que ce mardi 30 octobre, que la présidence ivoirienne a diffusé une vidéo de cette rencontre inopinée tenue hier, dans la capitale allemande, où Horst Köhler prend ses quartiers.
Qu'est-ce qui aurait alors motivé cette rencontre imprévue?
Il faut d'abord souligner que la Côte d'Ivoire a fait son entrée au Conseil de sécurité le 2 janvier 2017 pour un mandat de deux ans en tant que membre non-permanent. A ce titre, Abidjan a "un droit de regard" sur les dossiers qui sont sur la table des Quinze membres de l'instance décisive de l'ONU, notamment celui du Sahara.
Or voilà, Abidjan porte un intérêt particulier au Sahara marocain. Le dossier a été en effet au coeur de la rencontre qui a réuni, hier lundi 29 octobre, le président Ouattara et l'Envoyé personnel du SG de l'ONU. Selon nos sources, Alassane Ouattara a saisi l'occasion de son déplacement en Allemagne pour demander à être briefé par Horst Köhler sur le projet de résolution présenté hier, lundi, aux Quinze membres du Conseil de sécurité, avant d'être soumis au vote ce mercredi 31 octobre.
Selon des informations qui ont "fuité" en provenance de l'East River, à New York, où siège l'ONU, le projet de résolution, dont les Etats-Unis sont le pen-holder, propose le renouvellement du mandat de la Minurso pour six mois seulement (jusqu'en avril 2019), au lieu d'une année, comme le souhaitent le SG de l'ONU et la France notamment, membre permanent du Conseil de sécurité.
L'écourtement de la durée du mandat de la Minurso porte la signature de Washington, qui voudrait "mettre davantage de pression" sur les parties au conflit afin de revenir à la table des négociations.
A un jour du vote, de profondes divergences continuent d'opposer Washington et Paris sur la durée du mandat de la Minurso, principal enjeu de la nouvelle résolution sur le Sahara.
Cette divergence a d'ailleurs été évoquée lors de l'échange entre le président ivoirien et l'émissaire de l'ONU pour le Sahara, en plus des discussions préliminaires auquelles Horst Köhler avait invité les parties au conflit, y compris et surtout Alger, pour les 5 et 6 décembre prochains à Genève.
Pour précision, la république de Côte d'Ivoire soutient l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc et encourage une issue politique sur la base de l'offre d'autonomie.
Il faut préciser aussi que Horst Köhler avait été vivement critiqué par Rabat pour avoir exclu la Côte d'Ivoire du processus de concertations élargi à l'Union européenne et à l'Union africaine engagé début 2018.