A l'appel d'Al Adl Wal Ihsane, association islamiste interdite mais tolérée et des petits partis de gauche, les manifestants, ils étaient entre 15.000 manifestants (selon la police) et 30.000 d'après les organisateurs, ont foulé le sol à Rabat en solidarité avec le "Hirak" d'Al Hoceima. La marche a été entamée place Bab El Had peu après 12h ce dimanche, sous un soleil de plomb et un dispositif de sécurité important, mais discret.
Aux cris de «Liberté, dignité, justice sociale», «libérez les détenus», «respect de la dignité», «nous ne sommes pas des aoubach (apaches)», les manifestants ont brandi des pancartes portant les mêmes slogans et ont traversé par la suite le boulevard Hassan II et l'avenue Mohammed V avant de s'arrêter, un instant, devant le Parlement, et de se disperser un peu plus loin vers Bab Rouah.
En plus du drapeau du Maroc, l'emblème amazigh et celui mouvement du 20 février flottaient dans le ciel. On retiendra qu'aucun slogan radical ou injurieux n'a été prononcé, comme l'a constaté sur place une équipe de le360.
La manifestation était surtout une véritable démonstration de force et de capacité de mobilisation du mouvement fondé par Abdeslam Yassine. La Jamâa s'est même offert le luxe de marcher séparément des autres courants, comme pour marquer sa différence, et son importance. Le chef du département politique d'Al Adl wal Ihsane, Fathallah Arsalane, en a d'ailleurs profité pour appeler les pouvoirs publics à écouter les doléances des contestataires d’Al Hoceima et de libérer les personnes mises en cause dans les violences qui ont entaché les manifestations dans la ville.
Egalement présent, Ahmed Zefzafi, le père de Nasser, a salué les manifestants. «Je suis avec eux», a-t-il dit brièvement indiqué à le360.
L'immuable membre de l'AMDH, Abdelhamid Amine a, lui aussi, réclamé la libération des détenus et la satisfaction des doléances des habitants d'Al Hoceima. A la question de savoir comment peut-on imaginer une alliance entre l'extrême gauche et les islamistes radicaux, Amine a comme toujours botté en touche en déclarant qu'il n'y a «pas de différence lorsqu'on défend des revendications justes». Sauf que la différence, c'est Al Adl qui l'a faite ce dimanche.