Durant cette rencontre avec la presse où il occupait seul l'estrade, Hamid Chabat a commencé par un discours-fleuve avant de répondre aux questions des journalistes. Mais c'était uniquement pour dire que rien ne marche au pays. Plus qu'une conférence de presse, la sortie du secrétaire général de l'Istiqlal, ce mardi à Rabat, ressemblait davantage à un suicide politique. Chabat s'est en effet attaqué aux institutions du pays, au "Makhzen", aux conseillers royaux, au ministère de l'Intérieur, aux services de sécurité, aux renseignements... Tous ne trouvent aucune grâce à ses yeux et veulent instaurer une "mainmise sur les partis politiques". Des partis politiques à la tête desquels il y a évidemment l'Istiqlal, dont il se veut le garant de l'indépendance.
"Ceux qui entourent le roi ont échoué dans leurs missions véritables et veulent aujourd'hui tout contrôler et télécommander. Le slogan +broie sa mère+ est toujours en vigueur. Les gens se meurent", a martelé celui qui, hier encore, était une véritable bête politique mais qui, aujourd'hui, veut passer pour un martyr.
Le SG sortant de l'Istiqlal a accusé, mais sans en apporter la preuve, des hommes politiques de haut rang de tous les maux du pays. Il les a même cités nommément. Aujourd'hui, il se dit solidaire avec Abdelilah Benkirane, le même qu'il a combattu pendant des années, et avec les détenus d'Al Hoceima, alors que les partis politiques, dont l'Istiqlal, ont brillé par leur passivité lors des événements de la "Perle de la Méditerranée".
La presse et les journalistes n'ont pas échappé à ses torpilles. Plus populiste que jamais, l'ancien patron de l'UGTM s'est fait l'avocat du "peuple et de ses souffrances". Il a estimé que "le processus démocratique a reculé au Maroc". Pour lui, et dans des propos pour le moins décousus, "la dignité des gens et celle des partis politiques sont bafouées. C'est très grave". "Il faut dénoncer la dilapidation des ressources du pays. L'argent en sort chaque jour", a ajouté Chabat. Et d'indiquer qu'il reste toujours candidat à un autre mandat à la tête de l'Istiqlal, dont le congrès est prévu du 30 septembre au 1er octobre à Rabat. Désespéré, il a conclu: "Il y aura durant ce congrès un candidat du Makhzen". Comme pour dire que s'il perd, ce sera la faute au grand méchant loup. Déplorable.