La prise d’otages d’In Amenas, perpétrée le 16 janvier 2013 sur le site gazier de Tiguentourine, au sud de l’Algérie, revient sous les feux de l’actualité. Des conversations téléphoniques entre, d’une part, de hauts gradés de l’Armée nationale populaire (ANP), et de l’autre, des galonnés de cette même armée et les terroristes à la solde de Mokhtar Belmokhtar, chef des «Signataires par le sang», démontrent que les victimes étrangères de la prise d’otages, 18 au total, dont 10 Japonais, ont été exécutées de main froide, et sans distinction aucune, par les forces spéciales algériennes.
«Il n’y a aucun survivant», a affirmé sans trembler le colonel Abderrazak Cherif, chef de la 6ème division militaire, au général Athmane Tartag, celui-là même qui a succédé à Toufik à la tête des services algériens (DRS), et qui était lors des événements le patron des forces spéciales algériennes.
Abderrazak Cherif se trouvait sur les lieux au moment du déroulement de l’intervention militaire, le 17 janvier. Comme le démontre l’enregistrement d’une conversation entre un kidnappeur, dénommé «Abderrahmane», et son chef Mokhtar Belmokhtar, des instructions ont été données par ce dernier afin de ne pas exécuter les otages, l’objectif de départ était de tenter de rançonner les familles des victimes et non de les tuer. Le but ultime du chef des «Signataires par le sang» était ainsi l’argent, mais pas l’exécution des otages, 10 Japonais, et les huit autres, des Français, des Britanniques et des Américains.
«Essaie, essaie, de mettre les otages en contact avec leurs familles ou avec leur société, dis-leur (NDLR, les familles ou les responsables de la société) qu’ils (les militaires algériens) sont en train de nous provoquer», dit Belmokhtar à son subalterne «Abderrahmane», en lui enjoignant de ne pas se laisser provoquer par l’armée algérienne et passer à l’exécution des otages.
Ainsi, la prise d’otages s’est déroulée, pendant la première journée de l’infiltration du site d’In Amenas, sans effusion de sang. Ce n’est que le lendemain que l’irréparable est arrivé. Ordre a été donné par les hauts gradés de l’ANP de lancer l’assaut contre le site, et les forces spéciales, sous la coupe du général Athmane Tartag, surnommé «le Bombardier», sont intervenues à bord d’hélicoptères rasant ainsi le site à coup de pilonnages, y compris et surtout l’endroit où les 18 victimes s’étaient retranchées avec leurs kidnappeurs, en l’occurrence «la zone de vie».
La reconnaissance du massacre des otages est sortie de la bouche même du colonel Abderrazak Cherif qui dirigeait l’opération commando menée le 17 janvier contre le site en question. «Ils sont en train de nettoyer la base de vie», a dit ce galonné au haut commandement dans l’ANP, précisant que «le bombardement a lieu tout près de l’usine du gaz». Et de conclure par cette phrase qui fait froid au dos: «Il n’y a aucun survivant».
Un très haut gradé a donc volontairement ordonné d’exécuter les otages en même temps que les terroristes. Une méthode sans respect pour la vie humaine et qui va certainement impliquer une enquête pour faire la lumière sur cette boucherie, volontairement perpétrée par les militaires algériens. D’ailleurs, l’un des invités de Medi1 TV, Abderrahman Mekkaoui, a demandé une enquête internationale.
A toutes fins utiles, et comme le prouvent les conversations téléphoniques, il faut bien noter qu’un accord tacite avait été conclu en 2011 par Mokhtar Belmokhtar et les services algériens afin d’épargner le territoire algérien, pour ne concentrer leurs opérations terroristes que sur le nord malien, voire le Sahara marocain.
Selon les termes de cet accord secret, «les Signataires par le sang» pourraient compter sur le soutien des services algériens pour mener des attaques contre le nord du Mali et les intérêts marocains.
Autre révélation, et pas des moindres: les services algériens savaient que l’objectif recherché par Mokhtar Belmokhtar était de rançonner les familles des victimes.
Or, pourquoi l’armée algérienne a-t-elle eu recours à la méthode forte (intervention armée) pour perpétrer ce carnage? C’est la question à laquelle un kidnappeur lui-même n’a pas trouvé de réponse, en criant, via un appel en catastrophe à Belmokhtar, que l’armée algérienne «nous a trahis»! Trahi aussi et surtout le sang des 18 otages, exécutés sauvagement par des tirs en provenance des hélicoptères des forces spéciales algériennes.
Ce n’est pas d’ailleurs la première fois que l’armée algérienne fait endosser la responsabilité de ses actes infâmes à des terroristes. Tout le monde garde à l’esprit l’assassinat des sept moines de Tibhirine en 1996.