Ce n’est pas un hasard que le roi Mohammed VI, en sa qualité d’amir Al Mouminine, ait prononcé son discours d’accueil du souverain pontife en quatre langues. Sous le titre de la «rencontre de la paix», le quotidien Assabah du lundi 1er avril estime que le discours royal de samedi dernier a transmis d’importants messages aux quelque 1,5 milliard de téléspectateurs qui l’ont suivi en direct à travers les cinq continents (Amériques, Europe, Afrique, Asie et Océanie). Le roi a surtout mis en garde contre ces faux religieux qui ont trahi la parole de Dieu à travers le rejet de l’Autre, mettant en exergue l’exemple du Maroc qui a toujours veillé à ce que les fils d’Abraham vivent en symbiose et dans le respect les uns des autres.
Un message royal de coexistence et de paix, entièrement partagé par le pape François 1er, et concrétisé par la signature de l’«Appel d’Al Qods», qui vient en réponse non seulement à la judaïsation rampante de cette ville trois fois sainte et patrimoine de l'humanité, mais à la décision du président américain de la reconnaître comme capitale d’Israël, en violation flagrante du droit international et des résolutions onusiennes.
Pour sa part le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui titre «Le même message» (islamo-chrétien), en référence à une sourate du texte coranique, rapporte que plusieurs messages de paix ont été envoyés au monde par le roi Amir Al Mouminine et le souverain pontife.
Al Ahdath s’arrête sur ce qu’il appelle la «diplomatie religieuse», dont le moment fort a été l’accueil du pape par Mohammed VI sur l’esplanade de la mosquée de la Tour Hassan de Rabat. Ce lieu est en effet hautement symbolique car formant en lui-même, en dehors de sa charge religieuse, un concentré de l’histoire et de la civilisation marocaines, que les téléspectateurs du monde entier ont apprécié.
De son côté, Al Akhbar a surtout mis l’accent sur la solennité et la franchise de l’engagement du roi Mohammed VI de garantir à tous les non-musulmans, établis ou de passage au Maroc, de pratiquer librement leur religion sans la moindre crainte. Un engagement que le pape a pu constater sur place, soit en se rendant à l’institut Mohammed VI de formation des imams auxquels est dispensée une religion de fraternité et de tolérance, soit en rencontrant un échantillon des milliers d’Africains établis au Maroc et pratiquant librement leur chrétienté dans les paroisses et églises marocaines, soit en visitant le centre caritatif de Temara dirigé par des soeurs, soit enfin en rencontrant le dernier survivant de l'assassinat des moines de Tibéherine (Algérie), qui vit en paix au Maroc.
Alors que le quotidien Al Massae a consacré sa couverture de la visite papale à une reprise intégrale et commentée du discours royal, Akhbar Al Yaoum est surtout revenu sur le discours du pape, qui a omis de s’adresser au roi à travers son titre d’Amir Al Mouminine. Tous les croyants, lui rappellera le roi dans son discours.
Ahmed Taoufiq, ministre des Affaires religieuses et des Habous, rafraîchira même la mémoire de François 1er, en lui rappelant que le Vatican a officiellement reconnu, il y a 8 siècles de cela, le titre d’Amir Al Mouminine porté par les rois et sultans successifs du Maroc.