Les élections du 8 septembre ont été exceptionnelles, tant au niveau de la participation des électeurs, qu’au niveau des résultats qui ont donné une victoire écrasante aux trois partis qui forment aujourd’hui la coalition gouvernementale (RNI, PJD et l’Istiqlal) au détriment du PJD qui a subi une vraie débâcle. Mais aujourd’hui, il est temps pour cette coalition de s’attaquer aux dossiers chauds qui l’attendent.
Dans son édition du vendredi 1er octobre, Al Ahdath Al Maghribia s’arrête sur les principaux défis qu’aura à relever le gouvernement Akhannouch, et leur consacre un dossier détaillé. Ces défis, comme le précise le quotidien, commencent déjà par la gestion de la période d’après-élections. Depuis ces dernières, des voix se sont élevées pour dénoncer des pratiques auxquelles se sont adonnées certains candidats lors de la campagne.
La Justice a elle-même dû se prononcer sur des affaires en lien avec les élections et qui lui ont été soumises, tandis que d’autres accusations de pratiques malsaines n’ont pas encore obtenu de réponse. Pour Al Ahdath Al Maghribia, le prochain gouvernement ne peut ignorer ces faits et doit avant tout redonner de la crédibilité aux résultats des dernières élections.
Cela ne se fera certainement pas au cas par cas, mais en adoptant, selon le journal, une parfaite neutralité face aux décisions qui pourraient être prononcées par la Justice, y compris celles qui toucheraient des candidats ayant porté les couleurs des trois partis de la coalition lors des élections. En plus, ces partis seront appelés à prendre les mesures qui s’imposent à l’encontre de toute personne ayant été reconnue coupable de faits contraires à l’esprit démocratique et aux principes d’élections saines.
Pour le journal, c’est la priorité des priorités, mais elle n’est certainement pas la seule sur le volet purement politique. Le prochain gouvernement sera également attendu sur des dossiers qui peuvent avoir un impact réel sur la confiance des citoyens dans les politiques. Parmi le plus en vue, le projet de loi sur l’enrichissement illicite que le gouvernement El Othmani a peiné à faire adopter. D’aucuns considèrent que le blocage qu’a rencontré ce texte est lié à la réticence de ceux qui profitent de la corruption et de l’économie de rente et qui auraient tout fait pour empêcher son adoption. Le gouvernement Akhannouch devra donc avoir la main ferme pour relever le défi que représente ce projet de loi.
Il en est de même pour la relation entre les composantes de la majorité. Le chef du gouvernement désigné a déjà fait preuve d’insistance auprès des partis alliés pour proposer de nouvelles compétences, quitte même à enrôler des technocrates qui porteront les couleurs de ces partis. La tâche n’a, semble-t-il, pas été des plus faciles pour l’Istiqlal et le PAM, qui sont restés focalisés sur les profils qui avaient déjà fait leurs preuves au sein de ces partis.
Peu importe l'identité des ministres qui formeront le prochain Exécutif, Al Ahdath Al Maghribia prend comme prétexte les tractations sur ce sujet pour rappeler la nécessité de construire une parfaite entente entre les trois partis de la coalition pour éviter les problèmes de communication rencontrés par le passé. Cela ne peut qu’entraver le travail du gouvernement et affecter la confiance et les espoirs que placent les citoyens en lui.
Relations avec un parlement où l’opposition semble affaiblie, priorisation de textes de lois stratégiques comme le projet de loi-cadre sur l’éducation… Les défis qui attendent le gouvernement Akhannouch sur le plan politique sont donc nombreux. Mais là où il est vraiment attendu par les citoyens, c’est bien entendu sur les chantiers sociaux. Et là encore, la tâche ne sera pas des plus aisées.
Pour Al Ahdath Al Maghribia, il y en a au moins 7 qui devraient être la priorité du prochain mandat, à commencer par la généralisation de la protection sociale. Ce chantier a été lancé par le souverain en avril dernier et prévoit la généralisation de l’AMO en 2021 et 2022 ainsi que l’élargissement de la population éligible pour intégrer la frange la plus vulnérable et les travailleurs non-salariés.
En tout, 22 millions de personnes devraient s’ajouter à la liste des bénéficiaires de la protection sociale, sachant que ce chantier prévoit également un volet lié aux retraités ne bénéficiant d’aucune pension, les personnes ayant perdu leur emploi, ainsi que les aides accordés aux familles avec enfant.
Le quotidien cite parmi ces 7 dossiers chauds les défis liés au secteur de la santé. Que ce soit la généralisation de la couverture maladie, le renforcement des moyens humains, matériels et logistiques du secteur ou encore la mobilisation des financements nécessaires pour relever les défis du secteur, le prochain exécutif sera particulièrement attendu sur ce dossier, d’autant plus que la crise sanitaire due à la pandémie de Covid a mis au goût du jour certaines problématiques qu’il faudra absolument résoudre pour que le secteur de la santé réponde aux attentes des citoyens.
Comme le relève également Al Ahdath Al Maghribia, le gouvernement est attendu sur ses promesses électorales. L’amélioration des conditions d’enseignement dans l’école publique en fait partie. Cela passe par une modernisation du contenu enseigné pour qu’il s’arrime avec les exigences actuelles, mais également par l’amélioration des conditions d’exercice dans le secteur de l’éducation afin de permettre aux enseignants de pratiquer dans le respect de leur dignité. Une hausse des salaires est, à ce niveau, une des promesses majeures dont le secteur attend la concrétisation.
A ces sujets s’ajoutent les dossiers de la réforme de la retraite, des enseignants contractuels, de l’emploi ou encore de la Moudawana que le prochain Exécutif ne pourra ignorer. Il reste maintenant à savoir si les compétences promises au sein de ce gouvernement sauront relever ces challenges et apporter des réponses concrètes durant le prochain mandat, une mission pas vraiment facile lorsque l’on sait que tous ces chantiers devront être menés simultanément.