C’est le ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile, Abdelaziz Ammari, qui a avancé ce chiffre, lors d’une question orale à la Chambre des représentants, mardi dernier.
En réponse à une question posée par le groupe USFP sur la situation dans les prisons au Maroc, le ministre a indiqué que 1.628 Marocains s'étaient suicidés au cours de la période 2000-2012, soit une moyenne annuelle de 135 suicides, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé, a-t-il précisé. Et d’ajouter que la moyenne des suicides à l’intérieur des prisons ne dépasse pas les six cas par an.
Assabah, qui rapporte cette information dans son édition de ce vendredi 5 août, note, en citant le ministre, que le phénomène du suicide dans les prisons résulte du nombre de difficultés psychologiques telles la dépression, le syndrome des personnalités multiples et les difficultés relationnelles et d’adaptation.
Abdelaziz Ammari a d'ailleurs rejeté les critiques du groupe de l’USFP, les qualifiant d'"infondées", en l’absence d’indicateurs significatifs sur la détérioration de la situation au sein des établissements pénitentiaires marocains.Un autre député est venu à la charge, en l’occurrence Mohamed El Kihel, du groupe du parti de l’Istiqlal, pour accuser la Direction de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion de mauvaise gouvernance et d’absence de toute nouvelle démarche pénale à même de permettre une meilleure rééducation et, partant, une meilleure insertion. D’où la mutinerie survenue au Centre d’Oukacha.El Kihel a notamment souligné les graves problèmes dont souffrent les fonctionnaires de l’Administration pénitentiaire, dont l’affectation de nombre d'entre eux est considérée comme une punition. En conséquence, vu la charge de travail, ils ne peuvent avoir la capacité d’écouter et de mesurer le stress et la dépression qui s’emparent des jeunes délinquants. Pourtant, il s’agit bien de décrypter les signes avant-coureurs du suicide.
30% de récidivistesPlus grave encore, 30% des jeunes qui quittent la prison développent un comportement violent et agressif et finissent par commettre de nouveaux crimes, relève pour sa part Fouzia Labied, du groupe de l’Union constitutionnelle.
D’après le journal, les députés présents à cette session des questions orales n’ont pas du tout apprécié l’intervention d’un représentant du groupe du PJD qui a appelé à la construction d’une nouvelle prison à Ouazzane, au lieu de la création d’une zone industrielle pouvant offrir de l’emploi aux jeunes.
Cela étant, les représentants de l’opposition au Parlement s’accordent à reconnaître que le suicide n’est pas une maladie en soi, mais le révélateur d’un trouble de l’adaptation de la personne à son environnement social, familial et professionnel. Il s’agit véritablement, soulignent les représentants, d’une problématique de santé publique et, par conséquent, d’une question foncièrement politique.