Nouveau rebondissement dans l’affaire de la jeune fille agressée par des étudiants d’extrême gauche, à la Faculté des sciences de Meknès. Les six étudiants poursuivis dans cette affaire ont tout rejeté en bloc devant le juge, lors de l’audience qui s’est tenue vendredi dernier. Ainsi et selon le quotidien Akhbar Al Yaoum, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 18 juillet, les mis en cause ont tout simplement nié les faits.
Bien plus, et à la surprise générale, ils ont douté de l’existence même de la scène où le crâne et les sourcils de la jeune fille avaient été tondus. Ils soutiennent que l’affaire a été inventée de toutes pièces pour les accabler et les envoyer en prison à cause de leur militantisme. Ils assurent, en même temps, que c’est leur mouvement estudiantin, le "Programme transitoire de la voie démocratique baasiste", un courant marxiste-léniniste, qui est visé.
Ces affirmations ont suscité une réaction inattendue de la sœur de la victime. Elle a retiré violemment le foulard de sa sœur, donnant à voir l’état de son crâne et de ses sourcils, tout en criant: «regardez-là, regardez ses sourcils, assurez-vous de la réalité du crime des étudiants baasistes». Suite à quoi, la salle d’audience a été plongée dans un brouhaha indéscriptible, ce qui a incité le juge a réagir fermement pour faire revenir le calme, tout en réprimandant la sœur de la victime qui avait réagi sans attendre d'être invitée à témoigner.
Cette audience, la huitième de ce procès marathonien, a duré plus de neuf heures durant lesquelles le juge a projeté une vidéo remise au Parquet par la police judiciaire et retraçant les moments du procès populaire dont la jeune Chaimae a été la victime. Les accusés ont également rejeté cet enregistrement, arguant qu’il ne s’agissait pas d’un procès populaire mais d’une marche de protestation organisée par leur mouvement estudiantin début mai, soit peu de temps avant les faits qui leur sont reprochés.
Leur réaction face aux photos de la victime, prises juste après l’agression et montrées par le juge, a été la même. Ils ont nié être les auteurs de l’agression, mais ont avoué connaître la victime qui travaillait à la cafétéria de la Faculté. Ils ont dit avoir été mis au courant de l’affaire via les réseaux sociaux et ont pointé du doigt un groupe d’étudiants excédés par les agissements de la jeune fille, refusant, toutefois, de divulguer l’identité de ces supposés coupables.
Après ce long interrogatoire, le juge a également entendu les déclarations des cinq témoins cités dans cette affaire. Une nouvelle audience devrait avoir lieu mercredi prochain. Elle sera consacrée aux plaidoiries des avocats des deux parties.
Pour rappel, l’affaire remonte au 17 mai, quand des étudiants appartenant au courant d’extrême-gauche ont agressé, à la faculté des sciences de Meknès, la jeune employée de la cafétéria de l’établissement. Il ont organisé un procès populaire pendant lequel ils l’on insultée, frappée et lui ont tondu le crâne et les sourcils. Les motifs de ces agissements ne sont pas clairs. On parle de rivalités entre courants estudiantins et d'une "trahison" de la victime qui aurait mouchardé au profit de l’un d’eux. Certains témoins affirment également qu’elle avait insulté un étudiant.6 jeunes étudiants, dont deux filles, ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire. Ils comparaissent devant le tribunal de première instance de Meknès. Les 6 inculpés devront répondre des accusations de «séquestration et outrage à fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions, coups et blessures par armes blanches, détérioration de biens publics, détention d’armes pouvant porter atteinte à la sécurité des personnes».