Lors de l’audience du 21 mars dernier à la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, le frère cadet d’Abdenbi Bioui a nié en bloc toutes les accusations portées contre lui. Abderrahim, le frère, qui dirige une entreprise de BTP et assure la présidence de la commune rurale d’Ain Sfa, a ainsi nié être impliqué dans un quelconque réseau de trafic de drogue à l’échelle internationale, rapporte le magazine Jeune Afrique dans un article mis en ligne mercredi 26 mars.
Le frère cadet de Bioui, qui a d’abord opté pour le silence lors de son interrogatoire dans les locaux de la BNPJ et face au juge d’instruction, a fini par changer de stratégie lors de l’audience. Il rejette en bloc tout ce qui lui est reproché, poussant le zèle jusqu’à souhaiter des peines bien plus graves pour les trafiquants de drogue. «Les trafiquants ne méritent pas dix ou vingt ans de prison. Ils méritent la peine capitale», a-t-il répété devant le juge, rapporte le magazine panafricain basé à Paris.
D’après Jeune Afrique, il a également nié, lors de l’audience du 14 mars, «toutes les accusations d’intimidation et d’humiliation formulées par l’ex-épouse de son frère», tout en déclarant ne pas connaître le Malien.
Pourtant, relève le magazine, son nom a bien été mentionné par Haj Ahmed Benbrahim et dûment inscrit dans son dossier d’instruction. Ce dernier affirme avoir rencontré Abderrahim Bioui à six reprises entre 2013 et 2014 à Fès, dans un hôtel. Lors de ces rencontres, poursuit le magazine, Abderrahim Bioui «lui aurait remis à chaque fois entre 4 et 5 millions de dirhams pour financer l’exportation de cannabis vers la Libye via l’Algérie et le Niger».
Des accusations que le frère Bioui réfute complètement. «Je ne l’ai jamais vu, et il ne m’a jamais vu non plus. Je demande une confrontation», a-t-il déclaré devant la Cour.
D’après Jeune Afrique, le dossier mentionne également «trois opérations menées en 2015, dont l’envoi d’un convoi de 40 tonnes de Chira, intercepté par les autorités. Une partie de cette cargaison aurait été attribuée aux frères Bioui».
Parmi les véhicules saisis, explique le magazine, figure un camion faisant partie d’un lot de sept véhicules de fabrication chinoise, acquis en 2014 par Abdenbi Bioui auprès du trafiquant Malien. «Les six autres, jamais homologués, ont été utilisés sur des carrières par la société Co-Fabri Bitumes, filiale de Bioui Travaux». Leurs GPS ont été désactivés et leurs numéros de châssis effacés, et les camions ont été démontés. À l’audience, il explique qu’il s’agissait de véhicules devenus inutilisables. Selon lui, «les pièces ont été revendues ou réutilisées, et les numéros de série supprimés pour éviter toute réutilisation frauduleuse. Il évoque également des abonnements GPS désactivés pour éviter des frais superflus», relève le magazine.
Par ailleurs, poursuit Jeune Afrique, «l’enquête relève aussi des flux financiers quasi quotidiens sur huit comptes personnels, pour des montants allant de 2 à 12 millions de dirhams après 2022». Pour justifier la provenance de cet argent, Abderrahim Bioui affirme qu’il s’agit de «ses revenus issus de l’agriculture et de l’élevage, estimés à plus de 120 millions de dirhams par an, ainsi que du chiffre d’affaires de Bioui Travaux qu’il évalue à 1,7 milliard de dirhams sur les cinq dernières années».
Depuis 2015, rappelle le magazine, Abderrahim Bioui est le seul propriétaire et gérant de Bioui Travaux. L’entreprise avait été fondée et dirigée par son frère aîné, Abdenbi Bioui.
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