Toute la presse en parle, même si, comme l’affirme le Parquet, cette affaire n’a rien à voir avec la profession. Dans son édition du lundi 26 février, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia retrace cette histoire qui, rapporte-t-il, n’en finit pas de livrer des surprises depuis son éclatement, vendredi en fin d’après-midi. Ce jour-là, précise le journal, dix policiers se sont présentés au siège d’Akhbar Al Yaoum. Parmi eux, cinq sont entrés dans le bureau du directeur, tandis que les cinq autres se lançaient dans l’enregistrement de l’identité du personnel et des journalistes encore présents.
Les événements se sont rapidement bousculés, le directeur ayant été arrêté et les locaux mis sous séquestre provisoire, en tant que «scène de crime». Immédiatement, les téléphones se sont affolés et le hashtag «le journalisme n’est pas un crime» a envahi les réseaux sociaux, accompagné des premières déclarations de soutien et prises de position. Le premier communiqué du Parquet, survenu un peu plus tard, n'a en rien contribué à clarifier la situation.
Ce n’est qu’aux premières convocations de deux employées du journal et de la directrice d’un site féminin tenu par le même éditeur que les véritables questions ont commencé à poindre, affirme le journal. Et si tout cela n’avait rien à voir avec la presse? Et si le journaliste avait des comptes à rendre à la loi? Ne vaudrait-il pas mieux éviter de se précipiter et prendre le temps de connaître et d’examiner les faits avant de réagir?Et, effectivement, le deuxième communiqué du Parquet, diffusé samedi, a apporté, cette fois, les clarifications que tout le monde attendait, évoquant des agressions sexuelles et de nombreuses plaintes déposées en ce sens contre le mis en cause.
L’affaire a ainsi pris une nouvelle tournure, provoquant, selon le terme employé par Al Massae et Al Akhbar, «un choc» au sein de la profession qui ne s’attendait pas à de tels chefs d'accusation à l'encontre de Toufiq Bouâachrine.
Citant une journaliste PJDiste qui a travaillé pour un autre site du même éditeur, le quotidien avance que pas moins de 35 plaintes auraient été déposées par autant de victimes. La journaliste a également affirmé avoir été convoquée par la police et avoir été traitée avec beaucoup d’égards par les éléments chargés de recueillir ses déclarations. Comme les autres quotidiens, Al Akhbar est également revenu, dans son édition de ce lundi, sur les circonstances de l’arrestation du directeur d’Akhbar Al Yaoum, ainsi que sur les deux communiqué diffusés par le Parquet.
Le quotidien Assabah, qui évoque également l’affaire dans son édition du 26 février, affirme que le Parquet a ordonné l’arrestation du directeur d’Akhbar Al Yaoum suite aux plaintes d'employées et de journalistes stagiaires l’accusant d’agressions sexuelles dans l'enceinte de son propre bureau. Ces plaintes auraient été déposées trois semaines avant l’arrestation, affirme une victime citée par le journal. Au début, ces plaintes n’avaient pas été prise au sérieux, affirme la même source, le procureur du roi ayant d’abord privilégié la piste d’un éventuel règlement de comptes. «Mais, devant les éléments de preuves qui lui ont été fournis, il a décidé de prendre l’affaire au sérieux et a ordonné une enquête», ajoute le journal.
En réaction, le secrétaire général du syndicat national de la presse, Younes Moujahid, cité par Assabah, affirme que «le communiqué du Parquet est clair. Et, du moment que l’affaire n’a aucun lien avec la presse, le syndicat préfère ne pas prendre position pour le moment». Le SNPM a toutefois envoyé une délégation au siège d’Akhbar Al Yaoum pour s’enquérir de la situation des journalistes et de leurs conditions de travail.
Akhbar Al Yaoum, directement concerné par cette affaire, lui a consacré tout un dossier. Il y retrace de manière détaillée l’arrestation de son directeur, qu'il décrit comme un moment «d’horreur et de consternation». Pour l’heure, le quotidien se focalise plutôt sur la présomption d’innocence.