Les Services de la Sûreté nationale ont réussi à mettre hors d'état de nuire un escroc notoire, Mohamed B, présenté comme un gros poisson, qui se faisait passer pour le chef du cabinet et homme de confiance d’un conseiller du roi Mohammed VI.
Suite à son déferrement, le 23 mars, par les services de la police judiciaire de Casablanca devant le parquet près le tribunal de première instance de cette même ville qui a ordonné sa poursuite en état de détention pour escroquerie et usurpation de qualité, il s'est avéré que le mis en cause avait réussi à escroquer plusieurs victimes, dont des personnalités notoires et des célébrités.
Il faisait croire à ses victimes qu'il pourrait, en sa fausse qualité de chef du cabinet du conseiller royal, intervenir en leur faveur auprès des administrations.
Selon nos sources, Mohamed B. a avoué leur avoir laissé croire, habilement, au même titre qu'à la majorité de ses connaissances, amis et proches, tantôt qu'il était le chef de cabinet d'un conseiller du roi, tantôt son homme de confiance, sans jamais chercher à corriger la confusion.
Pis encore: il a toujours veillé à entretenir cette confusion, en s'immisçant dans les réseaux relationnels de différents responsables et personnalités de premier ordre qu'il n’hésitait pas à imiter ou à approcher pour tisser des liens étroits avec ceux qui se trompent sur son compte.
Lire aussi : Au nom du roi Mohammed VI, arnaque de haut vol à La Mamounia
Il lui arrivait même de suivre les déplacements officiels du conseiller royal, dont il dit être fasciné, et de réserver dans les hôtels où ce dernier logeait, en y recevant ses connaissances qui le croyaient parmi ses collaborateurs.
Selon les premiers éléments de l'enquête, Mohamed B. a fait, grâce à ses modes astucieux, la connaissance de plusieurs personnalités dont l'ex-directeur à la SAMIR qui lui a demandé d’intercéder en sa faveur pour être nommé à la tête d’une administration publique, le comédien S.N, qui lui a demandé le même service pour être nommé à un poste ministériel, l’homme d’affaires saoudien, Mohammed Al Amoudi, qui lui a demandé, après l’avoir rencontré dans son pays, de l’aider à trouver une issue favorable à ses démêlés avec la justice marocaine, liés à son investissement litigieux dans la SAMIR. Il lui a remis, en contrepartie de ses prétendus bons offices, la somme de 300.000 dirhams.
Il en a été de même avec l'ancien ambassadeur saoudien accrédité à Rabat qui lui a demandé, en 2018, de lui arranger un rendez-vous avec le même conseiller royal en contrepartie d'un lot de visas de complaisance (moujamala) pour le pèlerinage, lot que Mohamed B. a écoulé moyennant des sommes allant jusqu'à 70.000 dirhams par visa.
L'enquête a également révélé que le mis en cause comptait d'autres victimes dont la secrétaire d'un haut responsable de la Banque Centrale Populaire (BCP) et le directeur général d'une filiale de cette même banque, qu'il a approchés pour remporter un appel d'offres lancé, en avril 2019, pour la vente de quelques biens immobiliers relevant du patrimoine de ce même établissement financier (BCP), sous prétexte du déplacement, pour effectuer la Omra (petit pèlerinage), d'une supposée personnalité importante intéressée par cette offre.
Lire aussi : La bienfaitrice de Ben Ahmed victime d’une escroquerie au nom du roi
C’est le même cas pour un haut responsable de la société publique Marchica Med et des agences pour l'aménagement de la lagune de Marchica et de la vallée de Bouregreg, à qui il a escroqué la somme de 10.000 dirhams en lui faisant miroiter l'opportunité de mettre à profit son statut (usurpé) pour l'aider dans sa carrière professionnelle.
De son côté, un cadre supérieur de l'Office National des Aéroports (ONDA) figure parmi les victimes de cette grosse arnaque, victime que l’escroc a approchée de la même manière astucieuse (il lui a promis de le soutenir pour obtenir un poste de responsabilité plus important). En contrepartie, il lui a demandé, à maintes reprises, de faciliter son passage aux aéroports, à l'occasion de ses voyages à l'étranger, ainsi que celui de personnes qu'il lui présentait comme des personnalités importantes ou faisant partie de l'entourage royal.
Pour sa part, A.T., promoteur immobilier à Salé, n'a pas échappé aux modes astucieux de Mohamed B., au profit de qui il a promis d’intervenir pour faire réviser à la baisse ses charges fiscales.
Bien qu'il ait appris que certaines de ses victimes avaient été alertées sur son profil d’imposteur par des membres du cabinet du conseiller royal, le mis en cause a persisté dans l’usurpation.
Outre ses aveux, les faits retenus à son encontre ont été confortés par le résultat des perquisitions effectuées dans ses deux domiciles, sis à Marrakech (où il a été interpellé) et à Casablanca, lesquelles perquisitions ont permis de saisir plusieurs documents compromettants, dont:- Un lot de cartes de visite au nom d'autrui, dont certaines reviennent à Abdelaziz Mohy Eddine Khouja, ancien ambassadeur de l'Arabie Saoudite à Rabat, ainsi qu'à de hauts responsables à la société publique Marchica, à l’ONDA, A.H., Wafa-Assurances et à une conseillère du ministre de I’Equipement, de la Logistique et du Transport.- Une invitation datant du 3 juillet 2017 pour assister à la cérémonie organisée par l’actuel chef de gouvernement, au Golf Royal Dar Essalam, à l’occasion de la célébration de la fête du Trône.- Des photos personnelles du mis en cause, dont une où il pose vêtu de l’habit traditionnel porté par les officiels, lors des cérémonies de renouvellement de la «Bayaa» (Allégeance), et d’autres sur lesquelles il pose, séparément, aux cotés de l’ex-chef du gouvernement, du Haut-commissaire aux Anciens résistants et Anciens membres de l’Armée de Libération et un chanteur marocain.
Lire aussi : Marrakech. Une escroquerie au nom du palais royal belge
Mohamed. B. a fait la connaissance d’autres personnalités et responsables marocains avec lesquels il a eu des contacts ou entretenu une relation de proximité, voire d'amitié. Certains d’entre eux auraient tenté de profiter de la qualité qu’il usurpait pour servir leur ambition professionnelle. Parmi eux, des magistrats, des militaires, des élus, un wali, des gouverneurs, des agents d’autorité et des ex-ministres ainsi que d'autres, à l'image de hauts cadres à Maroc Télécom, à l'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie, du Crédit agricole, d'un bâtonnier, ainsi que l'ex-ministre haraki, président de la commune de Fkih Bensaleh, Mohamed Moubdii.