Selon des sources bien informées, le compte de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), géré par la CNSS, présenterait un excédent de 22 milliards de dirhams. Une plus-value due au peu d’engouement que suscite, auprès des cotisants, cette caisse qui offre des soins et services aux salariés du secteur privé. Ainsi, sur les 6 millions de personnes affiliées à cette assurance, seules 23% (soit 1.380.000 personnes) ont présenté, l’année dernière, leur dossier pour être indemnisées pour divers actes médicaux.Selon les mêmes sources, le montant des cotisations aurait atteint 6,5 milliards de dirhams en 2017, alors que le remboursement des soins et frais médicaux aurait été de l’ordre de 3,4 milliards de dirhams. Un surplus qui a permis à la caisse d’économiser 2, 960 milliards de dirhams, contribuant ainsi à l’augmentation de l’excédent cumulé depuis des années.
Le quotidien Assabah estime, dans son édition du mardi 25 septembre, que le paradoxe est de taille entre un excèdent «inhabituel» dans un organisme d’assurance et des adhérents dont le salaire, pour 63% d’entre eux, ne dépasse pas 3.000 dirhams par mois. Il s’étonne qu’avec un revenu aussi bas, la majorité des adhérents n’ait pas recours aux prestations de cette caisse d’assurance maladie pour récupérer les frais médicaux engagés. Les mêmes sources expliquent cette situation par le fait que les affiliés vont rarement chez le médecin et se contentent de la médecine traditionnelle, de l’automédication ou des conseils du pharmacien. Or, pour bénéficier du remboursement médical, il faut suivre une procédure bien définie qui consiste à passer par la case médecin puis par le pharmacien et, le cas échéant, le laboratoire d’analyse. C’est peut-être ce parcours «complexe», exigeant des documents à fournir et à remplir, qui pousse les affiliés à ne pas recourir à l’AMO pour être indemnisés.
En parallèle, le traitement des dossiers par les services de l’AMO demande parfois plus de deux mois, ce qui décourage encore plus les assurés désireux de récupérer rapidement l’argent qui leur est dû. Il existe, aussi, une troisième catégorie qui ne connaît pas les prestations fournies par l’AMO. Certains des cotisants ignoreraient même l’existence de ce régime auquel ils sont pourtant adhérents. Une situation qui profite à la CNSS, gérante de l’AMO, pour exploiter ces ressources financières au moment où des millions de cotisants sont privés de cette protection sociale à cause des dysfonctionnements précités. Autant dire que cet organisme devrait multiplier ses campagnes de sensibilisation pour faire connaître les prestations fournies par l’Assurance maladie obligatoire.